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Tchad : Idriss Déby assassiné ou mort au combat ?

Blaise Dariustone | Avec agences
23 avril 2021

De nombreux Tchadiens s'interrogent sur les circonstances exactes de la mort du président Idriss Déby. L’opposition exige une enquête indépendante.

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Idriss Déby a dirigé le Tchad de 1990 à 2021
Idriss Déby a dirigé le Tchad de 1990 à 2021Image : Ludovic Marin/AP/picture alliance

De nombreux partisans du président Idriss Déby Itno et certains Tchadiens continuent d’exprimer leur profonde tristesse  à la suite du décès de celui qu’ils considèrent comme un héros, mort arme à la main en défendant l’intégrité territoriale du Tchad.

Blanchard Louwadomti Ngardomti , le président de l’Union de jeunes nationalistes, une organisation des jeunes, proche du pouvoir, est encore sous le choc.

"Nous avons appris la nouvelle du décès du président Déby comme tout autre Tchadien. Aujourd’hui, nous ne connaissons pas l’avenir et nous sommes inquiets. C’est un deuil qui ne doit épargner aucun Tchadien. Les Tchadiens devraient se mobiliser pour pouvoir l’enterrer dignement", estime Blanchard Louwadomti Ngardomti avant d'ajouter, "à mon avis c’est un héros qui a toujours dit qu’il ne préfère pas rester au salon pour pouvoir regarder ce pays entrer dans le désordre. Mais il préfère mourir au front en défendant l’intégrité de ce territoire et je crois qu’il a tenu sa promesse."

Lire aussi →Au Tchad, le parti d'Idriss Déby pleure la mort de son chef

Idriss Déby Itno mort le 20 avril 2021 à la surprise générale des Tchadiens
Idriss Déby Itno mort le 20 avril 2021 à la surprise générale des TchadiensImage : Renaud Masbeye Boybeye/AFP/Getty Images

Mort au combat ou assassiné ?

Idriss Déby Itno, un héros tué par une balle ennemie ou assassiné par son propre camp ? La question taraude l’esprit de nombreux Tchadiens. C’est pourquoi, certains réclament l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de sa mort.

L’opposant Théophile Bongoro est le président du Parti pour le rassemblement et l’équité au Tchad (PRET). Il fait partie des Tchadiens qui doutent de la véracité de la version officielle sur la mort d’Idriss Déby Itno.

"La précipitation avec laquelle on a masqué cette mort et son inhumation avec la mise en place de ce Conseil militaire de transition nous amène à dire qu'il y a quelque chose qui se cache derrière la mort du président Déby. Est-ce que la version officielle qui nous a été servie est la bonne, c’est seulement une enquête internationale commise par la communauté internationale peut élucider ce mystère. Parce que c’est un Tchadien qui est mort dans des conditions atroces", explique l’opposant Bongoro.

Lire aussi →L’opposition tchadienne dit non à une transition militaire

L'opposant Théophile Bongoro veut une enquête sur la mort d'Idriss Déby
L'opposant Théophile Bongoro veut une enquête sur la mort d'Idriss Déby Image : Blaise Dariustone/DW

"A en juger les images qui circulent sur les réseaux sociaux, nous pensons qu'il y a quelque chose d'autre qu’une mort survenue lors d’un combat. Qu’une enquête puisse nous démentir", ajoute Théophile Bongoro.

Si le défunt président Idriss Déby Itno est considéré par ses partisans et certains Tchadiens comme un héros, un guerrier mort en défendant son pays, beaucoup de Tchadiens et en l’occurrence les défenseurs des droits humains, retiennent de lui, l’image d’un dirigeant autocrate qui a régné d’une main de fer sur le Tchad pendant 31 ans et qui laisse derrière lui, un pays dont les fondements sociaux ont été profondément déstructurés.

 

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Le reportage de notre correspondant au Tchad

Idriss Déby est mort selon N'Djamena, à 68 ans, des suites de blessures subies au front dans le nord du Tchad contre des rebelles.

Son fils, Mahamat Idriss Déby, général de corps d'armée à 37 ans et jusqu'alors commandant de la Garde républicaine, la redoutable garde prétorienne du régime est le nouvel homme fort du Tchad, entouré des plus fidèles des généraux de son père. 

Une douzaine de chefs d'État sont réunis dans la capitale tchadienne, pour ses obsèques. Parmi eux, ceux des quatre autres pays du G5 Sahel, qui ont formé une force militaire anti-jihadiste épaulée par la France, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie. 

Emmanuel Macron, le seul chef d'Etat occidental à faire le déplacement, est arrivé jeudi soir à N'Djamena et a rencontré immédiatement le jeune général Déby. Un signe pour l'opposition et les experts que la France, qui a sauvé militairement au moins à deux reprises le régime d'Idriss Déby menacé par des rebelles en 2008 et 2019, semble maintenir son soutien à son successeur.