Souffrance des réfugiés africains dans le Sinaï égyptien
28 août 2013Kahassy Woldesselasie voulait quitter l'Erythrée, tout simplement pour se construire une nouvelle vie, dans un pays où les populations sont censées être libres. Kahassy pose d'abord ses valises au Soudan. Sur place, il fait la connaissance de passeurs de clandestins, qui lui proposent de l'emmener en Israël, où un travail bien rémunéré l'attend. Kahassy accepte l'offre.
Il se laisse alors conduire par des inconnus. L'Erythréen ne sait pas que c'est un piège. Une fois en route, ses ravisseurs bandent les yeux de Kahassy et le privent d'eau et de nourriture.
« Ils ont dit : si tu ne paies pas, on va te tuer. Tu n'as pas d'autre choix que d'appeler tes parents. S'ils décrochent le téléphone et paient la rançon, tu as de la chance. Autrement tu es mort. »
Kahassy a de la chance. Ses parents vivant à l'étranger paient la rançon. La liberté recouvrée, il peut enfin gagner Israël. Mais le cas de Kahassy est exceptionnel.
Selon Hamdy Al-Azazy, défenseur des droits de l'Homme, beaucoup d'immigrés érythréens sont restés dans des camps où ils ont été régulièrement torturés par leurs ravisseurs. Au moins 500 clandestins africains auraient succombé à de tels crimes, sans que les organisations internationales ne s'en émeuvent.
« Ils écrivent tous des rapports aux Nations unies à partir de leurs bureaux climatisés du Caire. Il n'y a personne sur place pour apprécier la situation. Je suis le seul ici à être confronté au danger. »
L'agence des Nations unies pour les réfugiés reconnaît qu'il est de plus en plus difficile pour ses collaborateurs de travailler dans la région du Sinaï. La situation politique reste très instable et cela ne facilite pas la lutte contre le terrorisme dans la zone.
De jour comme de nuit, des immigrés africains en partance pour Israël via le Sinaï égyptien sont régulièrement enlevés, battus et torturés par leurs ravisseurs. Ces hommes armés exigent souvent le versement d'une rançon par les familles de leurs victimes.