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Soudan : la rue tient tête à l’armée

15 avril 2019

Quatre jours après la destitution du président Omar el-Béchir, les manifestations ne faiblissent pas. Ce lundi, les leaders de la contestation ont dénoncé une tentative de dispersion du sit-in.

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Sudan Proteste in Khartum
Image : Getty Images/AFP/A. Mustafa

"Des unités de l'armée ont essayé de nous déloger." (Rachid Said Yacoub)

Selon l'Association des professionnels soudanais, à l’origine de la série de manifestations, des individus non encore identifiés ont essayé de disperser la foule de manifestants.

Ceux-ci s’étaient mobilisés devant le QG de l’armée pour disent-il, "protéger" la "révolution" et surtout demander au Conseil militaire de transition de "transférer immédiatement le pouvoir à un gouvernement civil".

"Oui, ce matin, des unités de l'armée ont essayé d'évacuer la place où il y avait le sit-in pour essayer de mettre fin à la pression exercée sur l'armée. Nous, on avait demandé la veille à nos partisans, à nos supporters de rester place et de continuer à manifester partout dans le pays, jusqu'à  ce que les objectifs de la révolution soient réalisés et que les militaires accèdent à nos demandes, sans verser de sang encore", a expliqué à la DW, Rachid Said Yacoub, porte-parole en Europe de l'Association des professionnels soudanais.

Selon des témoins, des soldats ont aussi été vus en train d'enlever des barricades qui avaient été érigées par des manifestants comme mesure de protection.

Par ailleurs, l'armée a déployé dimanche une banderole sur l'un des murs de son QG, incitant les manifestants "à ne pas s'approcher", selon des témoins.

 Exigences des contestataires

Les contestataires ont formulé plusieurs autres exigences à l’armée.

"Nous voulons la dissolution du Conseil militaire et son remplacement par un conseil civil qui comprenne des représentants de l'armée", a déclaré ce lundi à la presse Mohamed Naji, un responsable de la l'Association des professionnels soudanais.

 Ahmed Al-Rabia, un autre leader de l'association a ensuite précisé à l'AFP que si le Conseil militaire ne se dissolvait pas, la SPA ne "participera pas à un gouvernement de transition".

L'Association des professionnels soudanais exige aussi la restructuration du NISS, le puisant service de renseignement, dont le chef, le très redouté Salah Gosh, avait démissionné samedi. Dans la foulée, le général Abou Bakr Mustafa a été  nommé à sa place.

Autre mesure prise par l’armée, le chargé d'affaires du Soudan à Washington, Mohamed Ata, a été mis à la retraite, de même que l'ambassadeur à Genève.

Les protestataires réclament également le renvoi du chef du pouvoir judiciaire Abdelmajid Idris et du Procureur général Omer Ahmed Mohamed.

D’après Anne-Laure Mahé, chercheuse pour l’Afrique de l'Est à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire, "il y a eu des signes favorables, notamment l'absence de répressions violentes. Ils semblent négocier avec les manifestants pour que les choses s'apaisent, que les barrages soient levés sur la voie publique. Pour l'instant, en tout cas, à Khartoum, il n'y a pas de répression. Et ça dépend aussi de si la cohésion se maintient au sein de cette coalition au pouvoir. Et ça dépend également de la cohésion de l'opposition."

Le Conseil militaire a nommé un nouveau chef d'état-major, en la personne du général Hachim Abdelmotalib.

La menace de l’Union africaine

L'UA menace de suspendre le Soudan si l'armée ne quitte pas le pouvoir

Dans un communiqué de presse, le Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA demande que "l'armée soudanaise se retire et remette le pouvoir à une autorité politique civile (...) d'ici à 15 jours maximum".

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona