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Simone Gbagbo amnistiée par le président Ouattara

Julien Adayé
7 août 2018

800 personnes poursuivies pour des infractions contre la sûreté de l'Etat pendant la crise post-électorale ont été graciées. Cette décision est prise alors que l'Union européenne critique le régime du président Ouattara.

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Simone Gbagbo vor Gericht
Image : Kambou/AFP/Getty Images

"Le pouvoir de Ouattara veut camoufler sa mauvaise gouvernance" (André Sylver Konan )

Alassane Ouattara le président ivoirien a pris la mesure du dernier rapport de l’Union européenne qui a qualifié la justice ivoirienne de partiale. Dans son adresse à la nation, à l’occasion des 58 ans d’indépendance du pays, Alassane Ouattara a signé une mesure d’amnistie totale pour plusieurs dizaines de prisonniers dont l’ex-première dame Simone Gbagbo. "J’ai procédé ce lundi 6 Août 2018 à la signature d’une ordonnance portant amnistie. Cette amnistie bénéficiera à environ 800 de nos concitoyens. Au nombre de ceux-ci figure madame Simone Ehivet Gbagbo", a déclaré le président Ouattara à la télévision. 

Les autres figures amnistiées
En plus de l’épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo, plusieurs autres personnalités de son régime bénéficieront aussi de cette amnistie dont l'ancien ministre de la Défense Lida Kouassi, détenu depuis 2014, l'ancien ministre de la Construction, Assoa Adou, condamné en 2017 à quatre de prison. Et Souleymane Kamaraté dit "Soul to Soul", proche du président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro. Claude Avy, jeune activiste pense que la Côte d’Ivoire a peut-être là une bonne raison de célébrer avec faste son anniversaire d’indépendance et d’ajouter que "le faste qui va être mis, va répondre à une démonstration, certainement pour exprimer une économie forte. Rebondir sur cela pour dire si on peut mettre tant d’investissement dans une fête, il est bon de mettre beaucoup plus d’investissement sur le social et que cette opportunité que nous donne de fêter l’anniversaire de notre indépendance soit l’opportunité pour nous de nous réconcilier."

Le journaliste et écrivain André Sylver Konan explique pour sa part que le régime d’Abidjan est dans une politique permanente de la façade et du prestige vis-à-vis de la communauté internationale. Selon lui, ce que vient de découvrir l’union Européenne est l’écran de fumée que le pouvoir Ouattara brandit pour camoufler sa mauvaise gouvernance. Le journaliste et écrivain revient cependant sur le discours fondateur de la Côte d’Ivoire. "Ce discours a mis l’accent sur l’union, la discipline et le travail. L’union, nous sommes en Côte d’Ivoire et depuis 7 ans la réconciliation, elle est en panne. La discipline, nous sommes en Côte d’Ivoire où l’incivisme est devenu une règle. Lequel incivisme est une conséquence de la mauvaise gouvernance et non une cause. Et le travail, moi j’ai lu aujourd’hui et ça m’a fait de la peine, des gens qui ont été primé pour moins que rien. Les justificatifs qui ont donc motivé ce prix sont absolument fallacieux et ça ne promeut pas le travail."

Des engagements non tenus

Même si à chaque grande sortie de Ouattara, tel que dans sa déclaration de ce 6 Août, il s’engage à mettre fin à la corruption et aux disparités sociales, Guy Marcel, opérateur économique soutient que la malversation est malheureusement observée dans tous les compartiments de la société ivoirienne.

"L’Union européenne se base sur ce qu’elle sait. On nous parle de malversation, tout le monde sait qu’il y’en a, à diverses échelles. Ça se passe tous les jours devant nos yeux. Aujourd’hui l’union Européenne a parlé, mais nous les ivoiriens, qu’est-ce que nous disons ? Est-ce l’Union Européenne qui viendra faire le travail à notre place ?"

Autre annonce, celle de la recomposition de la Commission électorale indépendante conformément aux recommandations de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples. Une recomposition qu'il souhaite inclusive afin d’avoir des élections locales et régionales toutes apaisées.