Sida : escroquerie en Allemagne
25 février 2011L'affaire remonte au mois d'août 2009. Elle commence à Delmenhorst, une petite ville du nord de l'Allemagne. Un patient séropositif va chercher ses médicaments à la pharmacie, ouvre la boîte. Tout semble normal - sauf que les plaquettes couvertes d'un film protecteur ne contiennent pas de médicaments. C'est le début d'une enquête de grande envergure, dont la chaîne de radio NDR nous livre les derniers développements.
Des traitements anti-VIH détournés
Dans le cas de Delmenhorst, les enquêteurs soupçonnent un grossiste d'avoir empoché la coquette somme de six millions d'euros. Il détournait des médicaments vendus par les entreprises pharmaceutiques à bas prix pour le continent africain et acheminés normalement par des organisations d'aide. Le trafiquant les revendait ensuite en Allemagne après avoir falsifié les boîtes. Un marché lucratif, lorsque l'on sait que les médicaments sont en moyenne près de 50% plus chers en Allemagne que dans certains pays européens, en Suède notamment.
Deux autres enquêtes ont lieu en parallèle à celle qui concerne Delmenhorst. La justice est sur la piste d'un vaste trafic de médicaments achetés en Afrique du Sud. Des traitements qui auraient ensuite transités par la Belgique et la Suisse avant d'être remballés et revendus en Allemagne au prix du marché.
Inquiétude des associations d'aide aux malades
Tout cela inquiète les associations d'aide aux séropositifs et aux malades du sida qui rappellent que les entreprises pharmaceutiques ont mis longtemps avant d'accepter de vendre une partie de leur traitement anti-VIH à prix réduit. La révélation de ce genre de trafic pourrait les pousser à renoncer à leur engagement en faveur des pays en développement, en Afrique notamment, où se trouvent le plus grand nombre de personnes touchées par le virus. L'Association allemande d'aide contre le sida appelle donc les laboratoires pharmaceutiques à produire plus de médicaments génériques, plus accessibles aux populations les plus pauvres, mais également beaucoup moins intéressants pour les trafiquants. Il faudrait également mettre sur pied un système d'emballage qui indiquerait clairement lorsque les traitements sont destinés aux pays en développement. Ce qui diminuerait là aussi le danger d'escroqueries.
Auteur : Carine Debrabandère
Edition : Sandrine Blanchard