Sœur Anne ne vois-tu rien venir...
25 août 2009Guido Westerwelle, le chef du FDP, force d'ordinaire tellement le trait que les observateurs se demandent toujours à quel point ses critiques sont sincères, remarque la Tageszeitung. Cette fois-ci, il en va tout autrement. Il soupçonne ouvertement la chancelière de vouloir continuer sa coalition avec les sociaux-démocrates. En raison de la popularité du nouveau Ministre des Finances Theodor zu Guttenberg, de la CSU, le parti frère des chrétiens-démocrates, le chef des Libéraux craint qu'un grand nombre d'électeurs acquis aux thèses économiques de son parti ne cèdent aux sirènes bavaroises. Pour Guido Westerwelle, à cinq semaines du scrutin, la seule option semble être d'agiter l'épouvantail de la coalition noir-rouge.
Quelle ambiance, ironise la Frankfurter Rundschau. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Le FDP serait bien mal inspiré de laisser passer cette occasion de revenir au pouvoir. De son côté, Angela Merkel ne pourra jamais faire avaler à son électorat bourgeois qu'elle préfère les Verts ou les Rouges du SPD. Finalement, la tactique de Guido Westerwelle est claire : C'est chacun pour soi d'abord pour vaincre ensemble ensuite.
La campagne électorale a enfin son sujet de fond, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C'est la coalition en tant que telle. Pour autant, même si une victoire de la CDU et du FDP était assurée, les pourcentages respectifs obtenus par les chrétiens-démocrates et les libéraux seront déterminants pour le rapport de forces entre les deux formations politiques. Le quotidien francfortois analyse aussi l'attitude de Berlin qui veut forcer la décision dans le dossier Opel.
Ce feuilleton à rebondissements fait dire à die Welt : appuyé par Washington, General Motors n'a aucune envie de se laisser dicter sa conduite par sa minifiliale européenne ni par le gouvernement allemand. Pour sa propre survie, l'ex plus grand groupe automobile du monde veut assurer son emprise sur Opel et peut-être même conserver la marque allemande. Angela Merkel en revanche, risque de payer au prix fort sa précipitation à prendre une position définitive pour des raisons électorales car toute autre solution que la reprise par Magna et les Russes sera considérée comme une défaite par les électeurs.
Pour le président américain par contre, l'enjeu est tout différent, souligne la Süddeutsche Zeitung. Barack Obama n'a pas pour mission de faire plaisir à Angela Merkel. Pour lui, il s'agit d'obtenir les meilleures perspectives d'avenir possibles pour General Motors, désormais devenue entreprise d'État. Si Berlin veut respecter des principes politiques, Washington, lui, agit de manière pragmatique.