La corruption, un phénomène endémique en RDC
16 mai 2024Ce sont des affaires qui touchent souvent le sommet de l'Etat congolais et qui accroient la défiance envers les élus : celles de corruption. Car si la République démocratique du congo est riche, en ressources notamment, sa population est parmi les plus pauvres du monde. Selon la Banque mondiale, en 2023, environ 74,6% des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. Et pourtant les Congolais se sont familiarisés avec l'expression "détournement des deniers publics".
Grandes affaires récentes
- En 2020, Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, est condamné à vingt ans de prison pour avoir détourné près de 50 millions des dollars destinés à un projet de logement social. Il est finalement acquitté deux ans plus tard en appel, avant de réintégrer le gouvernement. Il deviendra probablement le prochain président de l'Assemblée nationale, dont l'élection aura lieu le 18 mai prochain.
- Autre affaire : celle liée à l'organisation, en 2023, des Jeux de la francophonie, à l'occasion desquels Nicolas Kazadi, l'actuel ministre des Finances, et Isidore Kwandja, directeur du comité de ces jeux, ont été suspectés par l'Inspection générale des finances d'avoir détourné des fonds publics. Mais aucune procédure judiciaire n'a été ouverte concernant cette affaire.
- A l'occasion des élections générales, fin 2023, Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante, la Céni, a été accusé par la Ligue congolaise de lutte contre la corruption, la Licoco, d'avoir surfacturé certains matériels électoraux.
- Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a été récemment de nouveau mis en cause dans une affaire de surfacturation de forages d'eau dans la région de Kinshasa.
- Christophe Mboso, président sortant de l'Assemblée nationale, et son homologue du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, sont suspectés de surfacturation dans une opération d'achat de véhicules de fonction : 12 bus et 14 mini-bus auraient ainsi coûté plus de 90 millions de dollars, selon le Centre des recherches en finances publiques et développement local. Des accusations contestées par les deux chambres du Parlement. Aucune enquête de justice n'a encore été ouverte.
Les raisons de la corruption
Le vrai problème est l'absence de contrôle car les outils de suivi budgétaire ne fonctionnent pas. "Vous avez le plan d'engagement budgétaire où tous les services doivent respecter les engagements et vous avez le plan de trésorerie élaboré par le ministre des Finances qui devait nous donner au moins la trajectoire des recettes à consommer au cours de la période", explique Valery Madianga, coordonnateur du Centre des recherches en finances publiques et développement local. "Les deux outils sont produits, mais en réalité, au milieu, vous avez les services attitrés qui doivent vérifier pour essayer un peu d'équilibrer. Ces services-là ne fonctionnent pas parce que tout se passe au ministère des Finances. Le ministre des Finances engage, liquide, il fait tout lui-même."
"Nous devons avoir un président intègre", insiste de son côté Ernest Mpararo, secrétaire exécutif de la Licoco. "Un président qui n'a pas de compte bancaire en Europe, qui n'a pas de compte à l'extérieur. Un président qui ne veut pas prendre le pouvoir pour s'enrichir ou pour enrichir ses frères, ses collègues, ses amis politiques." Ernest Mpararo insiste sur l'importance d'une justice indépendante pour lutter contre la corruption. De son coté la ministre congolaise de la Justice, Rose Mutombo Kiese, n'a pas répondu aux solicitations de la DW pour cet article.