1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le controversé port de Banana suscite toujours des débats

29 mars 2023

Le président congolais insiste sur un début des travaux jeudi 30 mars. Les riverains du chantier continuent de déplorer leurs expulsions de la zone concernée.

https://p.dw.com/p/4PSk5
Une moto roule sur les premiers kilomètres de la route nationale 1 détruite par l'érosion causée par la montée des eaux de l'océan Atlantique, près de la ville de Muanda, dans l'extrême sud-ouest de la République démocratique du Congo
D’un côté des populations qui espèrent profiter des retombées du port, de l’autres des riverains qui ont perdu leurs maisons Image : AFP via Getty Images

Sur le terrain, la situation évolue depuis que le chef de l'Etat est venu poser la première pierre du chantier, le 31 janvier 2022, précise Alphonse Khonde, président territorial du mouvement des gilets verts, un mouvement de défense des intérêts des Congolais, et membre de la coordination de la société civile. 

  

Pour sa part, le gouverneur de province est venu relancer les travaux d'enrochement, destinés à servir de fondations aux quais de 600 mètres de long. Tout ceci fait partie de la première phase du projet. 

  

"Au total, il y a 647 familles qui ont été déguerpies" (Alphonse Konde)

Cependant, les habitants déplorent les expulsions de centaines de familles dans la zone concernée, comme le souligne Alphonse Khonde. 

"Il y a deux catégories de familles qui ont été déguerpies. La première catégorie concerne les familles qui étaient dans des maisons de fortune et qui ont construit dans la frontière maritime qui existe entre notre pays et l’Angola. Là-bas, il y a 550 foyers qui vivaient dans des maisons de fortune. Ils ont été déguerpis. Il y a ensuite 97 familles qui ont été dans un village qui avaient des maisons en matériaux durables, ils ont également été déguerpis. Au total, il y a 647 familles qui ont été déguerpies. " 

Impact négatif sur la production halieutique

L’autre catégorie de personnes concernées par ces travaux sont les pêcheurs. Pour Philippe Kobe, qui est le coordinateur des associations de pêcheurs de Muanda, la construction du port va se traduire par une baisse des prises de poisson et un manque d’espaces libres pour leur matériel. 

 "Quand une activité est créée et que cette dernière va entraver des activités existantes, il faut créer des activités connexes. Dans ce cas de figure, les enfants des pêcheurs vont être utilisés pour ces activités et cela nous pose problème. Actuellement, les pêcheurs sont en difficulté parce qu’ils avaient leur dépôt, ils ont dû les quitter pour changer de milieu et cela pose problème," confie M.Kobe à la Deutsche Welle.

Dynamisation de l'économie de la province ?

Georgine Buanga habite à Muanda. Bien qu’elle déplore le fait que des familles aient été expulsées, elle rappelle que le port de Banana va créer des emplois et permettre de moderniser la ville. 

"Les habitants de Muanda auront de l’emploi. Il y aura aussi un développement par rapport à notre milieu. Il y aura de l’électricité, il y aura des retombées par rapport aux facturations lors des dédouanements des véhicules. Les gens attendent beaucoup de ce port. Mais par rapport à ce qui est négatif, les mangroves seront détruites et on aura une baisse de la production de poissons. " 

Alphonse Konde, qui est membre de la société civile, rappelle que dans sa région, plus de 90% de la population est au chômage. L’annonce de la création du port de Banana a donc été bien accueillie par les habitants. 

Cependant, insiste-t-il, il y a lieu de se demander si la main d’œuvre locale sera employée pour la construction du port car la mécanisation occupe une place prépondérante pour ce type d’infrastructure. Sans compter le fait que l’expertise viendra probablement d’ailleurs et non de la RDC. 

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash