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Global Witness alerte sur un projet de barrage en RDC

8 décembre 2021

D’une valeur de 500 millions de dollars, le projet est soutenu par une entreprise publique chinoise. Selon l'Ong, il mettrait en danger la forêt dans un des plus grands parcs nationaux du pays.

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Kongo I Upemba National Park
Image : Nature Picture Library/imago-images

D’après les documents que Global Witness a pu consulter, le projet de construction du  barrage de Sombwe (d’une puissance de 160 mégawatts), situé dans la province du Haut Katanga, serait illégal car il se situe dans un parc national, celui de l’Upemba.

Toujours selon l’ONG, ce barrage vise à fournir de l’énergie aux sociétés minières internationalesprésentes dans la région congolaise de la "ceinture du cuivre et du cobalt".

Colin Robertson a travaillé sur ce dossier pour Global Witness et il affirme que l’étude d’impact environnemental n’a pas évalué les risques que ce barrage représente pour les écosystèmes : 

"Il y a des inquiétudes par rapport à l’aspect gouvernance de ce projet. Les impacts sur l’environnement ne sont pas très connus parce que selon les études que nous avons pu consulter, l’étude d’impact environnemental initiale pour ce projet ne prend pas vraiment en compte le fait que ce barrage soit dans un parc national", explique le chercheur. "L’étude n’a pas vraiment évalué l’impact potentiel de ce barrage sur les rivières, les écosystèmes et aussi le fait que ça va inonder une grande partie de la vallée de Lufira qui est un site très important pour la biodiversité."

Espèces en danger

"La délinquance environnementale est poursuivable" (Timothée Mbuya)

Le Parc national de l’Upemba abrite une population d’espèces rares en déclin, comme les éléphants de savane, les babouins jaunes ainsi que les derniers zèbres de la RDC.

C’est au sein de ce parc que Power China, l’un des plus gros constructeurs de barrages au monde, devrait achever le Barrage de Sombwe à l’horizon 2024.

La ministre congolaise de l’environnement, Eve Bazaiba, affirme que le projet se situerait loin du parc de l’Upemba. Ce que démentent pourtant les ONG engagées contre ce projet.

Mais Eve Bazaiba affirme aussi que le bassin de rétention du barrage ne présente aucun danger. "Avec ce projet, nous allons protéger les forêts. C’est très loin du parc Upemba, et quand vous voyez le lit de cette rivière, même si on procède à la rétention dans la centrale hydroélectrique pour avoir la pression du barrage, nous avons des collines autour d’une hauteur de 145 mètres à 177 mètres. Le lit n’atteint pas ce niveau-là. C’est avec le lit de la rivière qu’il y aura rétention et cela n’atteindra que 90 mètres" renseigne la ministre.

Une étude environnementale présentant des lacunes                    

Au mois d’octobre dernier, l’ONG Justicia Asbl et un groupe de 185 ONG congolaises ont néanmoins adressé une lettre ouverte au chef de l’Etat pour partager leurs inquiétudes.

Deux mois plus tard, les revendications n’ont pas changé, comme le souligne Timothée Mbuya, président de Justicia Asbl. "Nous recommandons aux promoteurs de Kipay (entreprise congolaise associée à Power China, ndlr), qui sont des citoyens congolais et qui voudraient le développement du Congo et le développement de notre milieu, de construire ce barrage en dehors du parc. Cela est possible. Aussi, nous recommandons à la justice de se saisir de cette question car selon nos lois congolaises, la délinquance environnementale est prohibée, elle est même poursuivable" insiste Mr. Mbuya.

D’après une étude commandée par l’Union européenne, l'étude environnementale initiale du barrage "présentait de graves lacunes".

Dans un entretien accordé à Actualité.cd au mois d’octobre, Jean Marc Châtaignier, l’ambassadeur de l’Union européenne, rappelait que "la question de l’impact direct du projet sino-congolais de Kipay et Power China sur l’équilibre écosystémique du parc de l’Upemba ne peut pas être passée sous silence ou sous-estimée".

Lire aussi → 'Le principe du pollueur-payeur devra s'appliquer' (Eve Bazaiba, ministre congolaise de l'Environnement)

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash