RCA, le temps de la justice implacable
15 août 2017La justice tarde à se mettre en place pour les massacres qui ont lieu dans ce pays. Le président Faustin Archange Touadéra a certes annoncé que la justice sera désormais "implacable". Un message adressé aux groupes armés responsables présumés des violences communautaires et religieuses qui ont fait des milliers de victimes civiles depuis 2013.
Une Cour pénale spéciale a été créée en juin 2015. Cette Cour est censée être un tribunal mixte, c’est-à-dire constitués des magistrats locaux mais aussi étrangers. Deux ans plus tard, cette cour reste incomplète car seul son procureur, le congolais Toussaint Muntazini Muimapa, et cinq autres membres d’origine centrafricaine ont été nommés.
Trois magistrats internationaux vont à la fin de ce mois rejoindre leurs collègues à Bangui. Selon Gaston Assitaki, responsable du projet "Appui a la Cour pénale speciale", l’arrivée a la fin du mois de trois magistrats ,dont le substitut du procureur, pourrait finaliser la création de la cour. Il déclare:
"Il y a beaucoup de choses qui se sont passées ici, et Dieu merci, cela a été suffisamment documenté. La Cour a commencé, le procureur spécial et l’équipe en place ils travaillent déjà dans la préparation des enquêtes."
La société civile se dit ignorée
Certaines organisations s’indignent du fait que le droit de se constituer en partie civile ne leur ait pas été accordé. Celles-ci redoutent la volonté du pouvoir centrafricain de verrouiller les prérogatives de la Cour.
" Beaucoup d’organisation de victimes, voudraient se constituer en partie civile, parce qu’elles détiennent des faits, des informations, et elles peuvent porter accusations contre certains responsables des groupes armés que ces organisations connaissent .Donc, cette cour pourra elle-même désigner des gens qu’elle peut poursuivre" a annoncé Gervais Lakosso membre de la société civile annoncé
Mais cette allégation d’une cour inféodée au pouvoir est néanmoins rejetée par Gaston Assitaki.Ce responsable du projet "appui à la Cour pénale spéciale" pense qu'il est encore tôt de penser à une telle alternative.
"Ils veulent se constituer partie civile dans quoi ? Au regard de quel dossier ouvert ? Mais s’il y quelque chose, je peux dire que c’est une rivalité strictement privée, et que cela n’a rien avoir avec la Cour, parce qu’elle n’est pas encore a l’étape de prendre position sur quoi que ce soit."
Selon les statuts de la Cour pénale spéciale basée à Bangui, celle-ci devrait compter 13 magistrats étrangers et 12 nationaux. Elle fonctionnera essentiellement grâce au financement extérieur, la première tranche portant sur 14 mois d'activité.