Référendum en Egypte pour asseoir le pouvoir du président
18 avril 2019Les organisations internationales de défense des droits de l’Homme craignent de graves violations des droits humains en Egypte et dénoncent un mauvais exemple pour le reste de l’Afrique. Car c'est un référendum sans suspense auquel prendront part les Egyptiens du 20 au 22 avril. Dès mardi dernier, le Parlement avait approuvé à une écrasante majorité les amendements constitutionnels. Parmi les changements validés se trouvent ceux qui portent sur la prolongation du mandat présidentiel pour le faire passer de quatre à six ans.
Cela conduirait l'actuel deuxième mandat du président égyptien à 2024. Le chef de l’Etat pourrait alors se représenter pour un troisième mandat et rester président jusqu'en 2030.
Cette révision de la Constitution doit aussi accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l'armée, le pilier du régime.
Tortures et disparitions forcées.
Ce régime de plus en plus autoritaire pourrait faire des émules en Afrique, estime Hasni Abidi, du Centre d’Etude et de Recherche sur le Monde Arabe et Méditerranéen à Genève :
"Certes aujourd'hui, l'Egypte qui préside l'Union Africaine ne donne pas le bon exemple en matière de bonne gouvernance, surtout avec les crises qui secouent l'Afrique. La dernière en date, celle du Soudan où par exemple l'UA doit prendre des sanctions en vertu de la déclaration de Lomé qui ne reconnait pas un régime qui s'installe suite à un coup d'état militaire."
Les nouvelles dispositions constitutionnelles sont également décriées par les ONG de défense des droits humains qui accusent Abdel Fattah al-Sissi de torture, disparitions forcées, record d'exécutions capitales, emprisonnement d'opposants ou encore de musellement de la presse.
La démocratie en danger
De son côté, Wadih el Asmar, président d'Euromed Droits de l’Homme, déplore "une dégradation assez grave de la démocratie en Egypte, de la situation des droits humains malgré quelques petites améliorations avec la libération conditionnelle de certains activistes. Mais ces activistes sont toujours empêchés de sortir de l'Egypte et donc de s'exprimer librement sur ce qui se passe dans le pays. De même, le refus d'autoriser les organisations internationales à revenir s'implanter ou de visiter l'Egypte. C'est un indicateur de la volonté du régime d’éviter toute critique directe de son action."
Abdel Fattah al-Sissi a été élu une première fois en 2014, un an après avoir renversé avec l'armée le président islamiste élu Mohamed Morsi, avant d'être réélu en mars 2018.