Quels moyens face au conflit sud-soudanais?
12 août 2016Le mandat actuel de la Minuss touche à sa fin, mais il ne fait aucun doute que l’ONU restera présente au Soudan du Sud, où le regain de violences, à Juba, il y a un mois a montré la fragilité de la situation. Impossible d’envisager une simple reconduction – le mandat actuel a montré trop de lacunes.
Clarté du mandat et renforcement des effectifs
Les contours du mandat sont incertains, même au sein de la Minuss et pour les casques bleus eux-mêmes, comme le montre une anecdite relatée par Henrick Maihack, le directeur de l’antenne sud-soudanaise de la fondation allemande Friedrich Ebert: "Il y a eu un incident à Malakal, en début d'année, une attaque contre l’un des postes de protection des civils. La Minuss a mis plusieurs heures à réagir. L’enquête a révélé que les casques bleus ne savaient pas ce qu’ils avaient le droit de faire. Ils ont demandé un ordre écrit." Clarté, et capacité : c’est l’autre axe qui fait l’objet de discussions depuis trois jours, entre les quinze membres du Conseil de sécurité. Vendredi dernier, 5 août, l’organisation d’Afrique de l’est Igad a annoncé l’envoi d’une force régionale, une décision approuvée par le gouvernement sud-soudanais. Juba se montre bien plus réticent à l’égard d’un renforcement du mandat de la Minuss, et s’oppose à ce que la force régionale soit placée sous le commandement onusien. Pour Marina Peter, spécialiste du Soudan du Sud pour l’ONG allemande Brot für die Welt, cela ne change pas l’équation: il faut renforcer les capacités des forces de l’ONU : "Ils ont déjàun mandat plutôt solide. Avec ce mandat là, la Minuss est capable d’intervenir pour protéger les civils. La seule question àlaquelle il faut répondre, c’est: sont-ils en nombre suffisant?" Suffisant surtout pour assurer la protection des civils, alors "que les combats sont généralisés dans le pays", rapporte Marina Peter.
Garantir la protection des civils
De nombreux civils trouvent refuge sur les bases des casques bleus pendant les affrontements, jusqu’à 200 000 à certaines périodes. Pour les Etats-Unis, sans 4000 soldats supplémentaires, difficile de s’assurer que le calme règne – ne serait-ce que dans la capitale, Juba. Mais Marina Peter invite au réalisme: "Il faut avoir une vue d’ensemble sur ce pays où les combats sont généralisés. Personnellement, je pense que peu importe les effectifs, une armée ne pourra pas mettre fin aux affrontements. La réponse doit venir de l’intérieur." La solution du conflit ne viendra pas de l’ONU, ni de la force régionale - d’ailleurs Juba refuse qu’elle soit placée sous mandat onusien - mais de négociations. Des négociations impossibles, selon elle sans un embargo sur les armes en destination du pays, préalable à un arrêt des combats. Au Conseil de sécurité de décider de ces mesures, une décision est attendue aujourd’hui 12 août sur le projet de résolution présenté en début de semaine par les États-Unis.