spéciale midi
27 septembre 2009Constamment obligée de rechercher le compromis, la grande coalition menée par Angela Merkel ne laisse derrière elle ni succès ni échec retentissant... On retiendra surtout du gouvernement sortant qu'il a eu la délicate mission de tenir le gouvernail depuis le début de la crise.
En 2010, le déficit public allemand devrait atteindre 6% du PIB , soit deux fois plus que la limite autorisée – en temps normal – au sein de la zone Euro. Si l'Allemagne, d'habitude très orthodoxe en la matière, a laissé filer de la sorte son déficit, c'est pour mieux amortir le choc de la crise : 80 milliards d'euros ont été débloqués pour financer les différents plans de relance économique. Preuve qu'après s'être fait taxer d'immobilisme par les voisins européens, le gouvernement Merkel s'est montré pragmatique – jusqu'à autoriser la nationalisation de l'Hypo Real Estate, une banque en faillite qui risquait d'entraîner les autres dans sa chute.
Avec sa majorité confortable au Bundestag, la grande coalition n'avait pas grande crainte à avoir des partis d'oppositions pour l'adoption de ses projets de loi. Non, en fait les remous sont venus de manière épisodique de l'intérieur même de la majorité parlementaire. Exemple : le salaire parental, imaginé pour aider les familles après la naissance d'un enfant. L'introduction de ce salaire, voulue par la ministre CDU de la famille, aura provoqué les grognements parmi les plus conservateurs de son parti. Idem pour le relèvement progressif de l'âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans : la mesure défendue par le ministre SPD du travail aura suscité l'incompréhension de la base sociale-démocrate .
Sur les dossiers de politique étrangère, le gouvernement d'Angela Merkel a affiché une bonne entente, notamment sur la question de l'intervention militaire en Afghanistan. Tandis que dans d'autres domaines, la fiscalité, la santé, il a remis à plus tard les réformes jugées nécessaires, ou s'est contentée de retouches, faute de ligne commune.
Somme toute, la grande coalition allemande a géré les affaires du pays pendant 4 ans. Mais rien de plus. Elle reste avant tout une alliance de raison entre deux partis qui ne rêvent que d'une chose : reprendre leur liberté l'un par rapport à l'autre.