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Quand les homosexuels ivoiriens envisagent de fuir en Europe

Julien Adayé
24 janvier 2018

Pour fuir leur marginalisation, les homosexuels et les transgenres de Côte d'Ivoire sont de plus en plus nombreux à tenter de rejoindre l'Europe pour y déposer une demande d'asile.

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Heimliches Händchenhalten in Nigeria
Image : Katrin Gänsler

Quand les homosexuels ivoiriens envisagent de fuir en Europe

"J'aimerais vivre en France. Pourquoi pas même avec un blanc ?!" s'exclame Fodé, 27 ans. Ce jeune homosexuel ivoirien est prêt à risquer sa vie pour fuir la stigmatisation, les regards accusateurs, le poids des valeurs culturelles et religieuses. Ce sont surtout les représailles de sa famille qu'il craint. Son père est un fervent croyant. "Je préfère aller vivre en Europe. Mes parents sont de véritables musulmans. J'ai peur qu'ils découvrent un jour que je suis gay."

Une législation floue

La loi ivoirienne sur l'homosexualité reste floue et empêche les personnes de cette communauté de s'épanouir et de vivre librement leur sexualité. Conséquence : tous voient leur bonheur en Occident, selon Philippe Jagouet d'Alternative Côte d'Ivoire. Cette ONG défend et protège les droits des homosexuels et des malades du VIH. Il soutient que les contraintes socioculturelles et juridiques sont telles que les homosexuels mais aussi les transgenres vont user de tous les moyens pour atteindre ce qu'ils considèrent comme un eldorado. Pour avoir une jurisprudence plus claire, dit-il. "Et aussi pour essayer de vivre vraiment la vie dont ils ont besoin."

Dilemme cornélien

Malgré les formations et les débats sur la migration irrégulière et ses conséquences, rien ne retient les amoureux du même sexe, ajoute Philippe Jagouet. "Les personnes de la communauté voudraient bien vivre en Europe, parce qu'elles se disent que c'est plus facile pour l'intégration et tout. Mais après on voit ce qui arrive : rapatriements, la mort au niveau de la mer, agressions, ou même esclavagisme. Ce sont des questions dont on débat tous les jours avec les membres de la communauté."

Autre question qui revient régulièrement : à quoi sert de vivre dans un pays où l'on doit constamment avoir peur de se faire lyncher ou arrêter par la police ? Un pays où les autorités ne semblent pas prêtes par ailleurs à réformer la législation et à créer des structures pour que les homosexuels se sentent en sécurité et puissent s'épanouir.