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Quand certains artistes africains dérangent

18 juillet 2017

Elie Kamano, le musicien de reggae guinéen, connu comme l’un des artistes les plus virulents contre le régime, a été arrêté lundi 17 juillet. Beaucoup d'artistes africains engagés sont en froid avec le pouvoir.

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Sänger Tiken Jah Fakoly
Image : picture-alliance/dpa

Quand certains artistes africains dérangent le pouvoir

Le chanteur de reggae avait prévu de manifester pour réclamer la tenue immédiate des élections communales. L’arrestation a eu lieu pendant cette manifestation interdite par le gouvernorat de la ville de Conakry. Une énième arrestation d’un artiste engagé.

Des cas semblables à Elie Kamano, il y en a beaucoup en Afrique. Des artistes qui dénoncent la gestion du pouvoir dans leur pays. DJ Awadi au Sénégal, Kaidan Gaskia au Niger, Master Sumi au Mali, Khadja Nin au Burundi, Smockey au Burkina Faso, pour ne citez que ceux-là.

Ces artistes sont pour la majorité en froid avec le pouvoir qui les considère comme des opposants. Au grand regret de Oumarou Issoufou, connu sous le nom d’artiste de Phénobi, du groupe "Kaidan Gaskia" (les Piliers de la vérité) au Niger.

"En Afrique, quand un parti politique ou un politicien est au pouvoir, tu les dénonces, ils pensent toujours que c’est l’opposant. Donc du coup, le politicien, il n’est pas honnête avec lui-même. Cela fait que tout ce que tu fais, il va penser que c’est l’opposant qui te pousse." Il continue en ces termes : "Pour eux, l’artiste africain ne doit pas être regardant, ne doit pas être tranchant, ne doit pas être l’avocat de ceux qui n’ont pas de voix. Mais arrêter un artiste ne veut pas dire que le combat pour lequel  tu l’arrêtes est fini. C’est à ce moment même que tu vas lui donner du pouvoir et aussi pousser les autres à le soutenir", a-t-il ajouté à la DW.

Le rôle de l’artiste

A l'inverse, on trouve également de plus en plus d'artistes très connus qui chantent les louanges des gouvernants. Théodore Bamogo, alias Bamos, Président de l’Amicale des artistes musiciens du Burkina, est d'avis que l'artiste doit rester neutre.

"Moi, je les mets dans le lot des artistes griots, je ne les blâme pas, chacun fait ce qu’il veut de sa carrière", dit-il et poursuit : "Mais la mission exacte de l’artiste c’est de ne pas prendre partie, c’est d'éveiller les consciences dans le bon sens, c’est de dire la vérité dans le respect, de contribuer à construire son pays."

Des chanteurs comme Héritier Watanabe et Fally Ipupa, tout deux Congolais, ont vu récemment leurs concerts annulés à Paris respectivement les 15 juillet et 22 juin après une manifestation d’opposant contre le président Joseph Kabila. Les deux sont considérés comme un soutien du pouvoir.

 

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique