1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Les prix grimpent sur les marchés d'Abidjan

17 juillet 2024

Le secteur de l'alimentaire est touché par une forte inflation. Récemment, la situation s'est encore dégradée avec une baisse de la production, conséquence des fortes chaleurs.

https://p.dw.com/p/4iOao
Vendeuses de rue à Abidjan
Avec la hausse des prix, les conditions de vie semblent se précariser en Côte d'Ivoire Image : imago/Xinhua

Nous sommes au marché "Gouro", dans la commune d'Adjamé, en plein centre d'Abidjan, où presque toutes les vendeuses de vivriers, les produits maraîchers, viennent s'approvisionner. 

Actuellement, sur les étals de ce marché, la tomate, le piment, les aubergines, le gombo et la banane notamment, se font rares. Et quand il y en a, les prix grimpent.

Écoutez le reportage de Julien Adayé

Louisette Kouamé est une mère de famille et Viviane Tagro une restauratrice. Toutes deux sont venues faire leur marché et elles ne peuvent que constater combien les prix sont élevés

"On ne peut rien payer !", s'exclame Louisette. "Le kilo d'oignon, tu viens aujourd'hui, c'est 500 francs CFA. Le lendemain, ça devient 800 francs. Le kilo de tomate est à 2.000 francs. On ne peut rien préparer !"

Et Viviane de renchérir : "Je suis venue faire le marché, comme je vends à manger. D'habitude, je peux venir avec 100.000 francs CFA et je fais un marché complet. Mais aujourd'hui, 100.000 ne suffisent plus et je n'ai rien acheté. Juste quatre tomates à 500 francs.''

Problème de fond

Les causes principales de cette inflation sont liées au fait que la Côte d'Ivoire doit importer nombre de ces produits.

Pour l'oignon, la tomate et la pomme de terre, la Côte d'Ivoire dépend notamment du Burkina Faso, du Niger et du Maroc.

A cela, il faut ajouter les fortes températures en début d'année, explique Yvonne Goley Lou, productrice de vivriers et présidente au marché Gouro d'Adjamé : 

"Il y a une chose que nous devons comprendre : la production vivrière n'est pas modernisée. Elle est faite de façon archaïque depuis des années. On travaille à la main, on arrose avec les arrosoirs, on a un problème de pluviométrie, il ne pleut pas. Donc ça baisse le taux de rendement. Et avec le réchauffement climatique que nous constatons, actuellement, est ce que vous pouvez arroser avec l'arrosoir pour mettre la quantité d'eau qu'il faut sur la plante ? Si vous avez un hectare, vous pouvez l'arroser avec l'arrosoir toute une journée ? Notre souci est d'avoir de grandes exploitations. Ça va nous permettre d'avoir beaucoup de produits sur le marché."

Une question de saisons ? 

Côte d'Ivoire : l’agriculture numérique

Pour en savoir davantage, nous mettons le cap sur le marché Cocovico du quartier d'Angré dans la commune de Cocody. C'est ici, aux côtés des productrices et commerçantes de produits maraîchers, que nous rencontrons Bah Koné, la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre la vie chère. Celle-ci tempère la question climatique et explique la flambée des prix par une question de saison.

"Ce qu'il faut savoir, c'est que les produits vivriers sont des produits saisonniers. Quand c'est la période, ils sont en grande disponibilité. Qui dit grande disponibilité, dit prix moins cher. Donc d'ici quelques semaines, les choses vont revenir à la normale", affirme-t-elle, au micro de la DW. 

Des "contrôles" coûteux 

Soumahoro Ben N'Faly est le président de l'Association des consommateurs actifs de Côte d'Ivoire. Il rappelle aussi que les transporteurs sont taxés par les contrôles de police, ce qui se répercute sur les prix.

"Un camion de choux, tomates, oignons, piments, haricots, pommes de terre, arachides, de la frontière du nord pour venir à Abidjan, paye 200.000 francs dans les faux frais. Les forces de l'ordre prennent eux-mêmes leur véhicule pour s'arrêter sur la route et racketter les automobilistes.''

A ces produits maraîchers, il faut ajouter le coût élevé du riz, de l'huile, du sucre et du lait. Si on prend aussi en compte l'augmentation des prix des transports et des loyers immobiliers, le sentiment général est que l'inflation dégrade grandement les conditions de vie des Ivoiriens.