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PolitiqueMoyen-Orient

Premières arrestations après l'explosion au port de Beyrouth

Marco Wolter | Avec agences
7 août 2020

Une série de responsables du port ont été arrêtés alors que les recherches de survivants se poursuivent après l'explosion qui a ravagé la capitale libanaise. 

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Au compte au moins 150 morts selon le dernier bilan de vendredi
Au compte au moins 150 morts selon le dernier bilan de vendrediImage : Reuters/M. Azakir

Un lourd silence pèse sur le port de Beyrouth, quand ce ne sont pas les bruits des machines qui brisent le calme pour déblayer les décombres. Partout des tôles, des structures métalliques de hangars complètement dénudés, des tiges de fer tordues qui s'empilent, des gravats à n'en plus finir.

C'est là notamment que les recherches de survivants se poursuivaient ce vendredi, sous les regards angoissés de familles de disparus.

Dès le départ et l'explosion surpuissante de mardi (04.08.20) dans un entrepôt renfermant des tonnes de nitrate d'ammonium, des experts avaient prévenu que les bilans humains ne cesseraient d'être revus à la hausse, vu le caractère dévastateur inouï de la déflagration.

Ce bilan humain s'élève désormais à au moins 150 morts, et plus de 5.000 blessés, selon les derniers chiffres fournis vendredi en milieu de journée.

Alors des équipes de la défense civile libanaise passent avec des chiens renifleurs, des sauveteurs italiens s'activent aux côtés de secouristes français et russes. L'Allemagne aussi a envoyé des équipes pour aider à la recherche de survivants. Dès mercredi, des membres de la THW, un organisme de secours en cas de désastre, avaient pris l'avion à Francfort, emportant avec eux quelque 15 tonnes d'équipement et d'outillage.

Des équipes de secours sont arrivées du monde entier
Des équipes de secours sont arrivées du monde entierImage : AFP/J. Eid

16 fonctionnaires arrêtés

Au-delà du port, de vastes zones de la capitale libanaise sont totalement défigurées. L'Indignation des Libanais est d'autant plus grande que de l'aveu même du chef du gouvernement, cette catastrophe se dessinait depuis des années et aurait pu être évitée.

Ce sont des plaintes pour des mauvaises odeurs qui avaient finalement poussé la sûreté de l'Etat à lancer une enquête l'an dernier sur ce stock de plus de 2.700 tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis six ans "sans mesure de précaution", selon les mots du Premier ministre Hassan Diab.

Des travaux de colmatage de fissures de l'entrepôt lancées il y a quelques jours auraient été à l'origine de l'explosion, selon les autorités, qui parlent d'un incendie ayant provoqué la déflagration.

En réaction, au moins 16 fonctionnaires du port de Beyrouth ont été placé en détention jeudi. Parmi ces personnes se trouvent d'après le procureur militaire des responsables du Conseil d'administration du port, des douanes, mais aussi des ouvriers qui ont participé aux travaux de réparation.

Par ailleurs, des avoirs bancaires de plusieurs responsables du port auraient été gelés par la Banque centrale du Liban.

Le président Michel Aoun ne veut pas d'une enquête internationale
Le président Michel Aoun ne veut pas d'une enquête internationaleImage : picture-alliance/dpa/Dalati & Nohra

Incompétence

Cet événement tragique diffusé par la puissance des images donne définitivement une résonnance mondiale au mécontentement que les Libanais expriment depuis bientôt un an pour dénoncer une classe politique accusée d'incompétence et de corruption.

De plus, le pays traverse depuis des mois une grave crise économique, laquelle risque d'être exacerbée par les conséquences immédiates de la destruction du premier port du pays avec cette question : où décharger désormais les marchandises ?

Enfin, les Libanais craignent une pénurie de pain, car l'explosion a touché les plus grands silos de céréales du pays. Quelque 15.000 tonnes de blé, de maïs et d'orge ont été dispersés par la déflagration.

Et l'inquiétude est d'autant plus grande que des problèmes d'approvisionnement en farine et de transformation des céréales impactaient déjà la production de pain au Liban, pendant que la dévaluation de la livre libanaise a provoqué une forte hausse des prix.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais