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Possibles crimes de guerre en Ethiopie selon l'Onu

Hugo Flotat-Talon | Avec agences
13 novembre 2020

Les Nations unies réagissent à un massacre de civils rapporté par Amnesty International dans la région du Tigré, où les combats se poursuivent.

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Les deux camps démentent être derrière le massacre dénoncé par Amnesty International
Les deux camps démentent être derrière le massacre dénoncé par Amnesty InternationalImage : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

Les tentatives du Premier ministre Abiy Ahmed en début de semaine de rassurer la communauté internationale n'auront rien changé. Ce sont bien des scènes de guerre qui se jouent en Ethiopie ces derniers-jours. 

Le conflit dans la région du Tigré entre le Front de libération des forces du Tigré (TPLF) et le gouvernement central du Premier ministre Abiy Ahmed est sanglant et rien ne semble arrêter les deux camps. Massacres, milliers de civils en fuite : l'Onu parle même aujourd'hui de "possibles crimes de guerre". 

Des crimes de guerre à la suite d'un massacre de civils en début de semaine, rapporté en premier par Amnesty International. L'ONG de défense des droits humains évoque les meurtres, "probablement de centaines de personnes", à la hache ou poignardées dans la ville de Mai-Kadra dans la région en conflit du Tigré. Celle-là même où la minorité tigréenne se bat contre le pouvoir central d'Abiy Ahmed.

Abiy Ahmed affiche sa détermination

Depuis plusieurs offensives conduites la semaine dernière, chaque camp se rejette la responsabilité du conflit. 

Sur Facebook, le Premier ministre Abiy Ahmed continue, comme en début de semaine, d'assurer que ses soldats vaincront. Et il poursuit les menaces contre le Front de libération des forces du Tigré : "Le gouvernement fédéral a tous les droits pour déployer des forces de sécurité fédérales et pour utiliser la force afin d'appréhender les personnes impliquées dans la corruption massive et la violation flagrante des droits de l'homme", a-t-il déclaré.

Sur place, les communications sont toujours coupées, rendant difficile le travail de confirmation des informations. Mais l'Ethiopie est bel et bien en état de siège, jusque dans la capitale Addis-Abeba. 

Le gouvernement y organise des séances de dons du sang pour aider les soldats engagés dans la région du Tigré.

Des centaines de volontaires s'y rendent ces derniers-jours. "Je fais ce que je peux d'ici car je ne suis pas sur place pour combattre le Front de libération des peuples du Tigré", raconte un homme, perfusion au bras. "Je suis prêt à aider de toutes les manières possibles, je suis même prêt à aller faire la guerre, parce que je suis responsable de mon pays."

L'Onu veut une enquête

De son côté, l'Onu demande une enquête indépendante sur le massacre de civils perpétré cette semaine. Ceux qui le peuvent fuient. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés compte déjà 11.000 réfugiés au Soudan voisin. Une "urgence majeure", estime le UHNCR. 

Sa représentante en Ethiopie, Ann Allen Encontre, évoque des personnes malades, le recrutement d'enfants pour les combats dans les camps de réfugiés, le manque de nourriture et de nombreux besoins de base. "Nous sommes très préoccupés par une situation qui favorise l'exploitation sexuelle des mineurs, des femmes et des enfants qui essaient innocemment de mener une vie normale."

Les combats ne semblent pas prêts de s'arrêter. Ce vendredi (13.11), le président de la région du Tigré a répondu à Abiy Ahmed qui parle d'une victoire rapide contre ses forces.

Ceux qui croient en une victoire prochaine de l'armée fédérale éthiopienne au Tigré "rêvent éveillés", a dit Debretsion Gebremichael.

Le pouvoir central d'Addis-Abeba a annoncé la nomination de la ministre des Sciences et de l'Education supérieure au poste de directrice d'une nouvelle "administration provisoire de l'Etat régional du Tigré". Une manière d'assurer une nouvelle fois la détermination de reprendre le contrôle de la région.