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Polémique sur les propos du ministre de la Défense

Sandrine Blanchard14 octobre 2004

Dans un entretien publié par le Financial Times, Peter Struck, le ministre allemand de la Défense, laissait entendre que Berlin n’excluait pas l’envoi éventuel de troupes en Irak, selon l’évolution sur le terrain. Des déclarations qui ont bien sûr trouvé un large écho dans la presse de ce matin.

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Gerhard Schröder et Peter Struck (à droite) insistent: il n'y a pas désaccord.
Gerhard Schröder et Peter Struck (à droite) insistent: il n'y a pas désaccord.Image : AP

La Frankfurter Rundschau rappelle les antécédents de communicateur prêt à tous les risques de Peter Struck. Une verve à laquelle le ministre a mis un frein depuis son entrée à la Défense, mais qui n’est pas totalement disparue. Et l’effet d’annonce vient davantage de la tournure des propos du ministre que de leur contenu, estime le journal. Car, Peter Struck n’ a pas dit qu’il voulait mettre un terme à l’abstinence militaire de la Bundeswehr dans l’immédiat. Il a seulement indiqué, précise le quotidien, que rien ne permettait d’affirmer que cette position était à jamais irrévocable. Le journal est d’avis, cependant, que ces propos n’ont pas pu échapper à Peter Struck, et que, manifestement, ils embêtent trop Berlin pour qu’il s’agisse d’un jeu de rôle mis au point avec la chancellerie. Non, pour le quotidien de Francfort, cette évocation d’une possible aggravation de la situation en Irak est plutôt pour une preuve de pragmatisme politique.

Du côté de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, on estime aussi que Peter Struck a assez d’expérience pour s’être rendu compte de l’avalanche que ses propos allaient entraîner. C’est pourquoi le journal précise que le ministre a parlé dans un contexte particulier: un sommet de l’OTAN. Et Peter Struck sait bien que si le refus de Berlin d’envoyer des hommes en Irak est le ciment de la coalition gouvernementale, à l’OTAN, les divergences sur l’Irak pèsent sur la survie de l’Alliance. Et le journal de conclure : « tant que l’Irak restera un sujet tabou, il n’aura pas d’avenir. »

La Süddeutsche Zeitung échafaude un scénario : Imaginons, en 2008, un Irak en paix, avec plusieurs partis politiques, et un gouvernement démocratique et légitime. Mettons que ce gouvernement veuille remanier son armée de façon à la placer sous le contrôle du parlement. Est-ce que Berlin refuserait d’envoyer des soldats pour aider à la formation des Irakiens ? Bien sûr que non, et Berlin aurait raison. Le scénario est peut-être absurde, poursuit la SZ, mais pas plus que le débat actuel sur les mots du ministre. Peter Struck est bavard, écrit le journal. Il a commencé sa phrase par « Le gouvernement fédéral ne peut pas exclure que... » Non, poursuit le quotidien, le gouvernement ne peut pas non plus exclure qu’une météorite géante ne s’écrase sur l’Allemagne en 2005 et qu’il faille former un gouvernement d’urgence, dans une grande coalition avec les conservateurs... Mais les positions sont claires sur l’Irak. Alors à quoi bon tout ce bruit pour rien ?

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Le chancelier Schröder a réaffirmé que la position de l’Allemagne n’avait pas changé. Selon lui, l'Allemagne continue d’exclure tout envoi de troupes en Irak dans un avenir proche. Même si Berlin n’écarte pas catégoriquement de réexaminer, à terme, le dossier en cas d'évolution de la situation sur