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Paul Biya est de retour au Cameroun

Henri Fotso
21 octobre 2024

Le président camerounais est rentré après un séjour de plusieurs semaines à l’étranger. Son absence a alimenté des luttes de pouvoir au sommet de l’Etat.

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Paul Biya
Après une série de rumeurs alarmantes sur son état de santé, le gouvernement camerounais avait assuré le 8 octobre qu'il se portait bien et rejoindrait le Cameroun "dans les prochains jours"Image : Stephane Lemouton/abaca/picture alliance

Ce lundi 21 octobre, la télévision camerounaise CRTV était en émission spéciale dans les rues de Yaoundé pour suivre le retour du président Paul Biya. Les forces de l’ordre encadraient les principaux boulevards de la ville.

"Le président de la République est là. Notre père est là. C’est un grand soulagement. Nous sortons d’un étouffement. Nous étions en train de mourir à petit feu. Mais le président de la République est là. Et cela nous fait revivre", explique Martin Owono, président de la sous-section du RPDC de Voutessi II dans le sud du Cameroun.  

Il a voyagé 200 kilomètres pour assister au retour de Paul Biya à Yaoundé, après 50 jours d’absence inexpliquée. 

Pour lui, "nous sommes tels des Phénix qui renaissons de nos cendres, parce que notre père est arrivé. Et le combat va continuer. Parce que le président de la République est l’incarnation de la paix, de l’unité nationale, de la force au travail, de la discipline et du vivre ensemble".

Ecoutez le reportage à Yaoundé...

Préparer l'invévitable succession

La réapparition de Paul Biya, donné mort plusieurs fois par ses détracteurs durant son long séjour en Suisse, s’effectue cependant dans un contexte de luttes des clans pour sa succession.  

Actuellement, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, est opposé au secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, et au ministre des Arts et de la Culture, Pierre Ismaïl Bidoung Pkwatt, sur une dette de redevances de droit d’auteur dues par la radiotélévision nationale aux artistes.  

Le procès attendu de l’assassinat de l’animateur radio Martinez Zogo révèle aussi un affrontement au sommet de l’Etat. D’un côté, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, et certains de ses proches, et du côté opposé, le directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, le ministre de la Justice, Laurent Esso, et le ministre des Finances, Louis Paul Motaze.

Michèle Ndoki appelle Paul Biya à renoncer à un autre mandat

Maitre Tsapy Joseph Lavoisier, homme politique et avocat, estime que "ces camps vont se retrouver dans ce procès, si jamais il a lieu, si jamais les débats sont ouverts. Et il n’y a pas que deux camps. Tout le monde sait que si le chef de l’Etat est encore en vie, il ne tiendra plus longtemps. Donc les gens se préparent pour la succession. Au lieu qu’on laisse la succession se passer constitutionnellement comme prévu par les textes qu’ils se sont donnés eux-mêmes, les gens s’affrontent au sommet de l’Etat". 

Lutte des clans

Même l’affaire Fecafoot contre le ministère des Sports sur la gestion des Lions Indomptables illustre cette lutte des clans, avec les mêmes acteurs.  

Des clans qui sont également indexés par la Chambre des comptes de la Cour suprême dans l’affaire des détournements des fonds de la Can 2021 et des fonds pour la Covid-19. Dans ce contexte, constate Maître Tsapy Joseph Lavoisier, les investissements sont plombés et  l’économie ne peut prospérer.

Il explique que "particulièrement, s’agissant de l’autoroute Douala - Yaoundé, cette autoroute va avaler plus de 1.000 milliards de francs CFA pour faire à la fin 180 kilomètres de route. Cette autoroute coûterait cinq fois moins cher dans d’autres pays africains. Les marchés financiers sont grippés. La vie est devenue chère dans notre pays. Et ce sont des situations potentiellement explosives".

La nervosité, la violence et l’insécurité gagnent du terrain. Et selon Maître Tsapy Joseph Lavoisier, des gens se battent pour s’accrocher au pouvoir, tout en ignorant les problèmes urgents du pays, comme la pauvreté de la jeunesse.