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Humanitaire, un métier à risque en Centrafrique

Jean-Fernand Koena
19 août 2022

A l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, nous revenons sur les risques que prennent les employés des ONG notamment en Centrafrique.

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Un collaborateur de MSF entre dans une salle de soin dans un centre de santé à Bangui.
Un collaborateur de MSF dans un centre de santé à Bangui.Image : BARBARA DEBOUT/AFP

En Centrafrique, les violences armées prennent une proportion inquiétante. Ceci dans un contexte où les groupes armés changent de stratégie en prenant en otage des travailleurs humanitaires. C'est le cas notamment à Bambouti dans l'extrême est du pays où 11 humanitaires de l'ONG Invisible Children ont été récemment enlevés par les hommes de l'UPC avant d'être libérés. Le rapt semble donc être une nouvelle stratégie des mouvements armés pour se financer.

Les humanitaires pris pour cible

Les rebelles excellent dans des actes subversifs contre les civils, mais aussi contre les ONG qui viennent en aide aux populations. A Bambouti, des humanitaires ont été enlevés et dévalisés avant d'être libérés. Des actes attribués aux hommes de l'UPC qui exigent des rançons selon Ernest Mizedio député de Obol.

"Les agents de l'ONG Invisible Children et d'une autre ONG qui partaient pour une mission à Bambouti ont été pris en otage. Les ravisseurs ont revendiqué deux millions, ils ont revendiqué que Invisible Children leur verse 2 millions pour qu'ils puissent libérer ces otages-là. Je voudrais préciser ici que lors des passages de ces éléments de l'UPC, qu'est-ce qu'ils font ? Ils font des rapts, des braquages, ils prennent les biens des paysans, ils prennent cabris, argent, vélo, moto bref tout ce qu'ils trouvent sur leur passage" explique le député. 

Une stratégie pour s'enrichir

L'inquiétude est partagée à tous les niveaux. Les humanitaires kidnappés sont libérés sans qu'on sache les conditions de leur libération. Contacté, la coordination des actions humanitaires (OCHA) se dit préoccupée mais refuse de commenter cette actualité, craignant ainsi de mettre en danger la vie des humanitaires encore présents dans la région contrôlée entre autres par l'UPC et la LRA.

Ecoutez les précisions de Jean-Fernand Koena

Selon Paul Crescent Beninga, enseignant chercheur et acteur de la société civile, la prise d'otage avec rançon est une nouvelle stratégie des groupes armés en vue de s'enrichir et pour financer leurs campagnes militaires.

"Les prises d'otage constitue un moyen et un mécanisme de survie. Les groupes armés savent que les ONG disposent des moyens permettant de payer les rançons, à partir de ce moment, ils orientent ces prises d'otage vers les organisations non gouvernementales. Mais au-delà de ces prises d'otage, il faut noter qu'il y a une recrudescence des attaques dans l'arrière-pays et j'ai l'impression que l'ambition de ces groupes armés n'est pas de s'emparer du pouvoir à Bangui mais de distraire le pouvoir dans l'arrière-pays. Et il peut y arriver qu'on soit surpris par des attaques dans la capitale, tout est possible dans ce cas de figure" précise t-il.

Les rebelles changent de tactique dans un contexte où l'ONU et les pays de la sous-région s'activent pour une solution négociée entre les parties à travers la feuille de route de Luanda.