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"Il ne suffit pas de répondre aux urgences" (P. Maurer CICR)

Jean-Fernand Koena
17 février 2021

Interview avec Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge. Il réagit à la situation en Centrafrique.

https://p.dw.com/p/3pT0g

Notre correspondant à Bangui a pu s'entretenir avec Peter Maurer, président du CICR, lors de son passage en Centrafrique.

DW : Peter Maurer bonjour ! Vous venez de sceller un contrat de partenariat entre le CICR et la Banque mondiale. Quels sont les piliers de ce partenariat ?

C'est le début d'une coopération beaucoup plus substantielle entre les deux organisations, l'une fondée sur l'urgence, l'autre fondée sur la transformation de développement de longue durée. Elle résulte de discussions qu'on a eues depuis de longues années où les institutions se sont rapprochées.

Nous avons vu dans les pays les plus fragiles qu'il faut bien ancrer le long terme dans le court terme et le court terme dans le long terme.

On ne peut pas seulement répondre aux urgences, mais on doit aussi donner une perspective pour les années à venir aux populations. On ne peut pas seulement panser les plaies superficielles, mais il faut essayer de répondre aux problèmes de santé plus globaux. Et c'est ce partenariat qu'on est en train de fonder pour la réponse hospitalière à Kaga-Bandoro. Mais j'espère bien aussi de faire un modèle pour d'autres situations dans le pays.

 

DW : Le conflit en Centrafrique est asymétrique, à telle enseigne que le droit humanitaire international est sacrifié. Est-ce que cela constitue une préoccupation pour vous ? Est ce que vous en avez discuté avec les acteurs ?

Bien sûr. En tant que président du CICR, on discute toujours du respect du droit. On essaye toujours d'élargir les formations envers tous les acteurs. D'ailleurs, je peux dire que jusqu'ici déjà, on a eu beaucoup d'interaction avec le ministère de la Défense, avec l'armée, avec d'autres acteurs dans le pays.

C'est un travail de longue haleine, mais je suis réconforté par les discussions et la volonté aussi de poursuivre sur ce chemin et de respecter ce droit qui diminue en conséquence aussi les besoins humanitaires.

DW : Le couloir humanitaire a été longtemps fermés à cause du conflit. A cela s'ajoutent les locaux qui ont été victimes des conflits à Bouar ou Kaga-Bandoro. Quelle est la réponse du CCR par rapport à cette situation ?

D'abord, il est clair que nous sommes toujours en souci sur notre propre sécurité aussi, et je pense qu'il faut interagir avec toutes les parties en conflit pour s'assurer qu'il y ait le respect du droit, un espace humanitaire dans lequel on peut travailler en sûreté. Et je pense que c'est un travail de tous les jours que la délégation est en train de faire ici.

J'espère bien que les chemins d'approvisionnement vont se stabiliser et vont s'ouvrir, vont apporter davantage de biens dans le pays parce que je pense dans tout le pays, on ressent ces énormes difficultés d'approvisionnement, non seulement des opérations humanitaires, mais de toute la vie socioéconomique.

DW : Comment le CICR, avec son partenaire, la Croix-Rouge centrafricaine, à trouver des volontaires pour aller sur le terrain en dépit des dangers de sa mission ?

Bon, je pense, c'est une des choses qui me donnent toujours grande satisfaction :  de voir que malgré toutes les difficultés, on a la confiance de beaucoup de gens qu'on a un engagement humanitaire qui va bien au-delà des organisations, qui est ancré dans la société. Et c'est peut-être le plus grand espoir que j'ai toujours quand je visite un contexte comme celui de Centrafrique.

 

DW : Monsieur le président, quelles sont les priorités du CICR en Centrafrique ?

Les priorités resteront le respect du droit et des principes par les belligérants et l'assistance à la population dans les domaines clés tels que la santé, l'eau, la santé, la nutrition, mais aussi les plaies invisibles telles que la santé mentale et le soutien aux victimes de violences sexuelles.

 

DW : Justement, parlant de victimes, plusieurs victimes ont éprouvé des difficultés pour être transférées à Bangui par le CICR pour recevoir des soins et profiter aussi de l'appui d'assistance humanitaire du CICR. Quel est votre message à l'endroit de ceux qui font obstacle à l'assistance humanitaire à des personnes vulnérables ?

On est convaincu qu'il y a une obligation de toutes les parties de faciliter le travail d'une organisation neutre et impartiale. Nous essayons d'engager toutes les parties pour faciliter ces accès, mais nous sommes très conscients que nous ne sommes pas toujours à même de pouvoir négocier et d’avoir les accords pour faire ces opérations. C'est une tragédie et on espère bien avoir davantage d'accès, davantage de compréhension auprès des belligérants dans l'avenir. Des véhicules ont déjà quitté depuis Genève.


DW : Combien ?

Je ne peux pas vous dire.

 

DW : Peter Maurer, merci.