Offensive en Ingouchie
23 juin 2004Pour la Nürnberger Zeitung, les rebelles ne se sentent pas seulement sûrs, ils se sentent aussi très forts. La semaine dernière déjà, l’ancien président tchétchène Aslan Maskhadov avait annoncé une offensive. Une déclaration qui montre une incroyable confiance en soi, voire même une certaine arrogance. De plus la date choisie, le 62ème anniversaire de l’offensive allemande sur l’Union Soviétique, n’était certainement pas un hasard. Pour le quotidien, tout cela laisse présager que les rebelles tchétchènes ont de « grands » projets, à savoir étendre le conflit islamiste à tout le nord du Caucase.
Quand Vladimir Poutine reçoit des nouvelles de Tchétchènie, c’est quasiment à chaque fois l’annonce d’une catastrophe, écrit la Süddeutsche Zeitung. C’est une fois de plus le cas avec ce qui vient de se passer en Ingouchie. Des dizaines de morts et de blessés, des images qui montrent des ruines fumantes et des voitures brûlées : la réussite de l’attaque surprise des rebelles est un échec cuisant pour l’armée, les services secrets et les milices. De plus l’offensive d’Ingouchie montre que les rebelles, avec leur nouvelle tactique annoncée par Aslan Maskhadov, pourraient bien s’en prendre à d’autres républiques voisines. La pire des choses qui puissent arriver à la Russie, selon le quotidien de Munich. Avec 80 000 hommes sur place, le Kremlin n’arrive déjà même pas à contrôler la minuscule Tchétchènie.
Le président russe appelle sa stratégie « Tchétchènisation » écrit pour sa part la Frankfurter Rundschau. Son contenu est clairement défini : des collaborateurs tchétchènes sont chargés d’accomplir ce que l’armée et les services secrets russes n’arrivent pas à faire. Sur ordre de Moscou, ils doivent réduire à néant la résistance, et ce par tous les moyens possibles, sans se soucier du droit international ou des droits de l’Homme. Pourtant cette politique amène exactement le contraire de la paix et de la réconciliation nationale. Pour le journal de Francfort, cette stratégie était vouée à l’échec avant même l’assassinat d’Ahmad Kadirov, le président pro-russe de Tchétchènie.