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Putsch au Niger : quelles conséquences pour la Bundeswehr ?

Kossivi Tiassou | Ralf Bosen
28 juillet 2023

Le coup d'État de mercredi a sans doute porté un coup dur à l’image du pays, présenté jusque-là comme un pôle de stabilité dans un Sahel confronté à l’insécurité.

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Tillia, Niger | Kanzler Scholz besucht den Niger
Image : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Ce n'est que fin 2022 que l'Union européenne avait décidé de lancer la mission militaire triennale EUMPM pour le Niger. Le pays avait su se stabiliser politiquement ces dernières années. La mission, à laquelle participe également la Bundeswehr, l’armée allemande, est destinée à lutter contre le terrorisme au Sahel. Mais avec le putsch, tout le plan pourrait être remis en cause.

Pourtant, le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, avait décidé en mai dernier, que jusqu'à 60 soldats au total pouvaient être déployés au Niger dans le cadre de cette mission européenne. Ils devraient conseiller les partenaires nigériens et les aider en matière de formation.

À l'aéroport de la capitale, Niamey, la Bundeswehr exploite déjà depuis dix ans, une plate-forme logistique pour la mission de maintien de la paix de l'ONU au Mali voisin, la MINUSMA.

Vorbericht Afrika-Reise Kanzler Scholz | Bundeswehr in Niger
La Bundeswehr a déployé à ce jour, une dizaine de ses soldats au Niger dans le cadre d'une mission de partenariat militaire de l'UE (EUMPM), qui vise à soutenir les forces armées nigériennes.Image : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Une centaine de soldats de la Bundeswehr au Niger

Selon la Bundeswehr (l’armée allemande), un total de 100 soldats allemands sont actuellement stationnés à Niamey.

"Tous les membres du contingent allemand de la MINUSMA et de l'EUMPM basés à Niamey sont en sécurité", a déclaré un porte-parole du commandement des opérations de la Bundeswehr interrogé par la DW, ajoutant que : "À l'état actuel de la situation, l'espace aérien du Niger est fermé. La situation n’est toujours pas claire. Nous continuons à la surveiller de près."

En avril dernier, le ministre fédéral de la Défense, Boris Pistorius, et la ministre du Développement Svenja Schulze (tous deux du SPD) se sont rendus au Niger et au Mali. La raison de leur voyage était la prochaine prolongation du mandat de la Bundeswehr au sein de la MINUSMA et la prochaine participation de la Bundeswehr à la mission militaire de l'UE EUMPM au Niger.

Le Niger était jusque-là considéré comme un havre de stabilité et le risque de débordement de la violence comme au Mali, peu probable.

La région du Sahel, priorité de l'Allemagne

Apparemment, la stratégie consistant à miser sur le Niger comme base opérationnelle pour les missions de l'UE et de l'ONU a donc été mal calculée au vu du coup d’Etat militaire. Une illusion estime Ulf Laessing, responsable du bureau du Sahel à la Fondation Konrad Adenauer KAS.

"J'étais moi-même au Niger la semaine dernière. On pouvait voir le contraste là-bas. L'Union européenne, les États-Unis et les organisations non gouvernementales ont commencé à ouvrir des bureaux à se développer. Les hôtels étaient complets. Le Niger a toujours été très instable. C’est une fausse assurance que le Niger donnait en montrant qu’il est plus stable. En fait, l'État est encore plus fragile qu'au Mali. À cet égard, il était irréaliste de s'attendre à ce que le Niger puisse être un point d'ancrage de la stabilité", a-t-il précisé.

Niger Niamey | Boris Pistorius in der Sahelregion
En avril 2023, le ministre fédéral de la Défense, Boris Pistorius, et la ministre du Développement Svenja Schulze étaient au Niger. Image : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Le retrait du Mali menacé par le coup d'Etat militaire

Environ 1 100 soldats allemands sont toujours stationnés au Mali voisin. La plupart d'entre eux sont dans la ville septentrionale de Gao, où leur mission principale est de collecter des données de reconnaissance pour la mission de maintien de la paix de l'ONU, la MINUSMA.

Et le putsch au Niger pourrait éventuellement mettre en danger le retrait des soldats, estime Ulf Laessing, spécialiste du Sahel.

"Cela ne s'applique pas seulement à la Bundeswehr, mais à toute la mission de l'ONU au Mali. Vous ne pouvez pas conduire un camion à travers le Mali ou le Burkina Faso. C'est trop dangereux. C'est pourquoi il était prévu que tout passe par le Niger. Maintenant, il faut espérer qu'un éventuel nouveau gouvernement coopérera", a exliqué Ulf Laessing.

Interrogé à ce sujet par la Deutsche Welle, l'un des porte-paroles du commandement des opérations de la Bundeswehr (qui a voulu garder l'anonymat), s'est montré prudent : "Dans quelle mesure cela pourrait affecter le transport de personnel et de matériel par le contingent allemand de la mission MINUSMA n'est pas encore prévisible. Bien sûr, cela dépend de la durée de la situation, de son évolution."

Depuis son indépendance de la France en 1960, le Niger a déjà subi quatre coups d'État et d'innombrables tentatives de prise de pouvoir par la force.