Musharraf inculpé pour meurtre au Pakistan
20 août 2013Pervez Musharaf, l'ex-homme fort du Pakistan, et ex-commandant suprême des forces armées, est accusé de "meurtre, de complot criminel, ainsi que d'avoir facilité l'assassinat" de Benazir Bhutto le 27 décembre 2007 pendant un rassemblement politique.
C'est ce qu'a déclaré le procureur du tribunal anti-terroriste de Rawalpindi. Le tribunal reproche à Pervez Musharraf, en tant que président à l'époque, de ne pas avoir suffisamment assuré la sécurité de sa rivale politique Benazir Bhutto, ex-Premier ministre et chef du PPP, le Parti du peuple pakistanais. Celle-ci avait été tuée dans un attentat suicide devant des milliers de partisans. Jusqu'ici les dessous exacts de cet attentat n'ont pas été élucidés.
Musharraf rejette les accusations
L'ex-président a comparu en personne devant le tribunal. Il a rejeté tous les chefs d'accusation et campe sur la position défendue à l'époque par son gouvernement, qui avait accusé les talibans pakistanais du TTP (un groupe islamiste armé) du meurtre de Benazir Bhutto.
Quoi qu'il en soit, un tel procès contre un ancien chef des armées est une procédure inédite dans l'histoire de ce pays fondé en 1947 et qui a été plus de la moitié du temps dirigé par des juntes militaires. Comme ses prédécesseurs, c'est par un coup d'État que Pervez Musharaff était arrivé au pouvoir en 1999. Il avait gouverné le pays jusqu'en 2008.
En résidence surveillée
L'ex-chef d'État était rentré en mars dernier au Pakistan après quatre années d'exil volontaire à Dubaï et à Londres, afin de poser sa candidature à l'élection présidentielle en mai. Mais sa candidature avait été rejetée et plusieurs procédures judiciaires avaient été engagées contre lui.
La justice pakistanaise poursuit aussi Pervez Musharraf pour avoir imposé l'état d'urgence en 2007 et pour l'assassinat, un an plus tôt dans une opération militaire, d'Akbar Bugti, un chef rebelle de la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays.
Selon certains observateurs politiques, ces procès sont un véritable test pour évaluer les rapports de la puissante armée du Pakistan avec le gouvernement élu démocratiquement du Premier ministre Nawaz Sharif.
Des menaces contre l'inculpé
Le procès aurait dû commencer il y a quelque semaines déjà à Rawalpindi mais il avait été reporté en raison de menaces de mort contre Musharraf de la part de groupes radicaux islamistes qui avaient annoncé vouloir envoyer des commandos-suicide pour exécuter l'ex-général qui en 2001 s'était rangé du côté des États-Unis dans la "guerre contre le terrorisme".
La prochaine audience devant le tribunal de Rawalpindi est prévue la semaine prochaine.