Pour faire annuler des sanctions "illégales", la junte militaire malienne a décidé de déposer une plainte auprès de la Cour de justice de l'UEMOA.
Parmi les sanctions visant le Mali, l'Uemoa a notamment gelé tous les avoirs du pays à la Banque centrale commune aux huit état membres de l'organisation
Bamako entend ainsi faire annuler les décisions prises contre le Mali, le 9 janvier 2022, par l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Il s'agit des sanctions financières et économiques, décidées à la suite de l'annonce faite par la junte militaire de prolonger la transition.
Abdoulaye Dieye est économiste sénégalais. Pour lui, cette plainte auprès de la Cour de justice de l'UEMOA a peu de chance d'aboutir et il estime aussi qu'elle est le signe que le Mali est en train d'être asphyxié par les sanctions.
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Retranscription de l'entretien
Abdoulaye Diaye : Cette décision ne me surprend pas dans la mesure où aujourd'hui, la junte malienne a un double objectif. Le premier objectif, c'est de montrer ou de faire croire à la face du monde et à la Cédéao que le peuple malien est derrière elle. Et le deuxième objectif c'est de discréditer la Cédéao et l'UEMOA. Donc, sous ce rapport, il est légitime effectivement pour la junte d'attaquer les décisions ou les sanctions que la Cédéao a prononcées à l'encontre du Mali.
Abdoulaye Dieye : Aujourd'hui, il faut comprendre que l'Uemoa est dans la Cédéao en réalité. Les sanctions prises par la Cédéao ont de facto ou de fait engagées justement l'UEMOA. On peut être dans ce débat pour dire que les sanctions ont une base légale ou les sanctions n'ont pas une base légale. Mais de fait, regardons la situation en face : la junte malienne n'a pas aujourd'hui respecté les termes de l'accord qu'elle avait signé justement avec la Cédéao et l'UEMOA. Et malheureusement, ce manque de respect des termes de l'accord a conduit à des sanctions.
Abdoulaye Dieye : Oui, c'est clair. C'est clair que le Mali ne peut pas, dans le long terme, supporter ces sanctions là. C'est impossible. Le Mali dépend énormément de ses voisins. Il faut le rappeler, le Mali est un pays enclavé qui n'a pas accès sur la mer. Donc aujourd'hui, il faut le remarquer : le Mali est en train financièrement d'être asphyxié et a besoin justement de souffle. Je crois que le Mali ne peut plus tenir pour longtemps.
Abdoulaye Dieye : Oui, il faut dire que heureusement les sanctions n'intègrent pas les produits de première nécessité. Heureusement que les sanctions aussi n'intègrent pas les produits pharmaceutiques ou les produits de grande consommation. Et c'est ce qui fait justement qu'on n'a pas encore observé cette grande inflation.
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