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Maduro de plus en plus isolé

4 février 2019

De plus en plus de pays reconnaissent Juan Guaido, opposant et président du parlement, comme "président par intérim" du Venezuela. Le dirigeant chaviste a toutefois encore des soutiens.

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Venezuela NEU Protest & Demonstration gegen Nicolas Maduro in Caracas
Image : Getty Images/AFP/F. Parra

Après les États-Unis, le Canada et plusieurs pays d'Amérique latine, une dizaine de pays européens se sont ralliés à la cause de l'opposition vénézuélienne. Ils avaient donné, le 26 janvier, huit jours à Nicolas Maduro pour convoquer de nouvelles élections.

Nicolas Maduro a rejeté l'ultimatum des pays européens
Nicolas Maduro a rejeté l'ultimatum des pays européensImage : Reuters/Miraflores Palace

Le délai expiré, l'Espagne a été la plus prompte à réagir, par la voix de son chef du gouvernement, Pedro Sanchez. Celui-ci a reconnu "le président de l'Assemblée, M. Guaido, comme président en charge du Venezuela".

"Le but est d'organiser des élections le plus tôt possible. Des élections libres, démocratiques, garanties et sans exclusion. Des élections où les Vénézuéliens peuvent décider de leur avenir, avec leur voix et leur vote, sans crainte, sans pression, sans menace. Les citoyens du Venezuela sont les seuls à pouvoir décider de leur avenir."

D'autres pays européens, dont l'Allemagne, ont emboîté le pas à Madrid. À l'instar du Parlement vénézuélien - la seule institution du pays contrôlée par l'opposition, ils contestent la réélection de Nicolas Maduro en 2018 et estiment que son mandat a expiré le 9 janvier dernier.

Président par intérim selon la constitution

Juan Guaido, 35 ans, a réussi à fédérer l'opposition autour d'un projet fragile: faire partir Nicolas Maduro du pouvoir
Juan Guaido, 35 ans, a réussi à fédérer l'opposition autour d'un projet fragile: faire partir Nicolas Maduro du pouvoirImage : picture-alliance/dpa/R. Hernandez

Juan Guaido s'était lui-même auto-proclamé président par intérim dès le 23 janvier, et selon la professeure Sabine Kurtenbach, de l'Institut d'études sur l'Amérique latine au GIGA de Hambourg, il a la constitution derrière lui.

"Il invoque l'article 233 de la constitution du Venezuela, selon lequel le président du Parlement devient président par intérim pour organiser des élections lorsque le siège présidentiel est vacant."

De l'autre côté, Nicolas Maduro peut encore compter sur le soutien affirmé de pays comme le Mexique, la Turquie, la Chine ou la Russie.

D'autres pays, mais aussi l'ONU et l'Union européenne, n'ont pas pris position officiellement. En effet, l'Italie bloque l'adoption d'une position commune de l'UE reconnaissant à Juan Guaido la légitimité pour organiser une nouvelle présidentielle.

L'organisation de nouvelles élections pas si simple

Dans ce contexte, il y a deux scénarios possibles pour la suite des événements, selon Sabine Kurtenbach. La première étant que Nicolas Maduro cède à la pression internationale. Mais cela ne suffirait pas à résoudre la crise.

"Qui va convoquer les nouvelles élections, qui va les organiser, qui va les contrôler... ce n'est pas si facile et sûrement pas faisable en quelques semaines, d'autant que la commission électorale est très politisée, avec des partisans de Maduro dedans. Donc cela risque de durer. Et même si cela marche, il faudra voir si l'opposition reste unie ou si elle se dispute car sa désunion était jusqu'ici la garantie de survie du régime."

Le régime de Maduro repose en grande partie sur les militaires qui ont jusqu'ici maintenu leur soutien au président
Le régime de Maduro repose en grande partie sur les militaires qui ont jusqu'ici maintenu leur soutien au présidentImage : Reuters/Miraflores Palace

Le deuxième scénario est encore moins optimiste: Maduro reste au pouvoir et réprime l'opposition à l'aide de milices acquises à sa cause. "Alors ce sera vraiment sanglant", craint Sabine Kurtenbach. 

Réunion de crise à Ottawa

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé une aide de 53 millions de dollars canadiens (soit environ 35 millions d'euros) pour le peuple vénézuélien.

Une somme destinée aux besoins humanitaires les plus urgents, notamment pour les près de trois millions de réfugiés. L'annonce a été faite à l'ouverture d'une réunion de crise du groupe de Lima, à laquelle participaient également les États-Unis et l'Union européenne.

Nicolas Maduro a quant à lui déclaré vouloir "réévaluer ses relations bilatérales" avec les pays européens qui ont reconnu Juan Guaido.

Deutsche Welle Anne Le Touzé
Anne Le Touzé Journaliste au programme francophone de la DWnanetouz