L'île Maurice fête ses 50 ans d'indépendance
12 mars 2018Les Mauriciens n'ont pas attendu ce 12 mars pour commencer les festivités du jubilé d'or de leur indépendance. L'île de l'Océan indien est fière de son image de pays politiquement stable et de modèle de réussite économique en Afrique.
L'indice Mo-Ibrahim sur la bonne gouvernance en Afrique attribue régulièrement à l'île Maurice la première place. Une chose que confirment également les classements de l'organisation américaine Freedom House qui tient compte de la situation globale des droits de l'homme. "Il y a eu des alternances régulières et pacifiques au sommet de l'Etat, une culture du pluralisme politique et le pouvoir n'a pas été confisqué par une seule personne comme cela s'observe sur le continent", explique Alex Vines, chef du département Afrique du centre britannique de réflexions Chatham House, insiste pour sa part sur le modèle démocratique mauricien.Qu'il y ait eu jusqu'ici une certaine stabilité n'est pas un fait du hasard, prétendent les observateurs. La population mauricienne est le fruit d'un mixage entre des Indiens et des Africains. Ce sont des descendants de travailleurs forcés amenés au 19e siècle par le colon britannique.
Des origines diverses
Cette diversité d'origines crée une envie de s'unir pour construire quelque chose, pense la politologue Christina Meetoo de l'Université de Maurice. "L’île Maurice a cette particularité que différents groupes ethnico-religieux y cohabitent. Et il est parfois difficile de s’assurer que chaque personne trouve sa place de sorte que toutes les composantes de la société se sentent égales."
Mais les problèmes existent aussi. Sur le plan religieux, les conflits se multiplient entre la majorité hindoue et la minorité chrétienne. Certains jeunes auraient aussi rejoint l'organisation "Etat islamique", dit-elle. Or cette diversité peut aussi devenir une source de conflit. Enfin, selon Christina Meetoo, avec un déficit public en hausse, le modèle mauricien pourrait être menacé. "Nous avons un système qui a produit du bien-être et que nous voulons maintenir. L’éducation, la santé, le transport des écoliers et des personnes âgées, toutes ces choses sont gratuites. Mais avec les problèmes de trésorerie, comment maintenir un tel système?", s'interroge-t-elle.
Le pouvoir à Port Louis est depuis environ trois ans aux mains d'une femme, Ameenah Gurib-Fakim, la seule pour l'instant à la tête d'un pays africain. Mais cette dernière est accusée de détournements de deniers publics et sa démission, désormais acquise, interviendra après la fête de l'indépendance.