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L’opposition ivoirienne critique la nouvelle CEI

Georges Ibrahim Tounkara
1 octobre 2019

À un an de la présidentielle d'octobre 2020, les acteurs politiques sont divisés sur la composition de la Commission électorale indépendante. Les 15 membres de cette structure ont prêté serment il y a quelques jours.

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Elfenbeinküste Wahl Wahlkommission
Image : AP

"La classe politique doit trouver un consensus" (Abraham Denis Yaurobat)

Les 15 membres de la nouvelle commission électorale indépendante (CEI) chargé d’organiser la présidentielle de 2020 ont prêté serment vendredi (27 septembre) devant le Conseil constitutionnel à Abidjan. Après avoir  juré  de travailler "en toute indépendance" selon la formule consacrée, ils ont élu à leur  tête Coulibaly-Kuibiert.

Boycott de l’opposition

Aucun membre du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) n’est représenté au sein de la CEI. De son côté, la coalition "Ensemble pour la démocratie et la souveraineté" (EDS) dont fait partie le Front populaire ivoirien (FPI) de l'ex-président Laurent Gbagbo, dénonce une commission "taillée sur mesure" avec "11 membres" favorables au pouvoir selon eux.

En cause, l’une des trois représentantes de l'opposition, l'ancienne ministre Henriette Lagou, serait proche du camp du président Alassane Ouattara.

Henri Konan Bedie, Vorsitzender der PDCI-Partei, Elfenbeinküste
L'ancien président Henri Konan Bédié dirige le PDCI-RDA.Image : AFP/Getty Images/S. Kambou

"Je suis de l'opposition parce que j'ai un parti politique. Je suis indépendante, mon parti est indépendant. Qu'on arrête de taxer, d'indexer, de juger sans savoir (..) Ca n'apporte pas la paix. Je suis sereine, je travaillerai de façon impartiale. Nous venons de prêter serment, nous travaillerons pour la Côte d'Ivoire (...) pour des élections paisibles et transparentes", rétorque-elle.

Selon Abraham Denis Yaurobat, le président du Groupe de plaidoyer et d’action pour une transparence électorale, le GPATE, les acteurs politiques doivent trouver un consensus avant l’organisation de ce scrutin d’Octobre 2020.

Chaise vide

Elfenbeinküste Wahl 2018 | Alassane Dramane Ouattara
L'opposition accuse le président Alassane Ouattara d'instrumentaliser la CEI.Image : Reuters/L. Gnago

En réponse aux critiques de l'opposition, Traoré Effo, un membre de la CEI proposé par la majorité présidentielle a estimé que "la politique de la chaise vide n’est pas la solution. Il faut des gens pour animer des institutions. Le fait que nous prêtions serment fait de nous un citoyen neutre et indépendant". Avant de conclure : "c'est une nouvelle ère qui s'ouvre. Nous avons vécu un passé assez douloureux, nous ne voulons plus revoir ce genre de situation".

Crédibilité

La crédibilité de la Commission électorale indépendante (CEI) est jugée cruciale en vue de la présidentielle de 2020 qui s'annonce tendue. Dix ans après la crise post-électorale ivoirienne, qui s'était soldée par plus de 3.000 morts après le refus du président  Laurent Gbagbo de reconnaitre sa défaite face à l'actuel chef d'Etat, Allasane Ouattara.

Elfenbeinküste Laurent Gbagbo wird als Präsident vereidigt
Le FPI de l'ancien président Laurent Gbagbo boycotte la CEI.Image : picture-alliance/epa/L. Koula

La nouvelle CEI, adoptée fin juillet, comprend 15 membres, contre 17 auparavant: à savoir un représentant du président de la République, un du ministre de l'Intérieur, six de la société civile, six des partis politiques - équitablement répartis entre le pouvoir et l'opposition - et un représentant du Conseil supérieur de la magistrature.

Youssouf Bakayoko, le président sortant de la précédente CEI qui a organisé l’élection présidentielle controversée de 2010-2011, n'a pas été reconduit dans ses fonctions. Il avait présidé la présidentielle de 2015 et le referendum constitutionnel de 2016.

   

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle