L'heure du choix
6 décembre 2012Le programme du NPD exprime tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas aux quatre coins de la République, affirme la Frankfurter Rundschau. C'est la vieille antienne qui consiste à jouer de l'exclusion pour résoudre les problèmes. Donner un nom et un visage au problème, que ce soit le Juif, l'étranger ou l'infidèle, et croire qu'en supprimant cet ennemi, on supprimera en même temps le problème.
Pour die Welt, la découverte du groupe néonazi NSU il y a un an a été un choc et l'appel à l'interdiction du parti d'extrême droite NPD en a été la première réaction. Depuis, la question fondamentale de savoir s'il est vraiment utile d'interdire ce parti n'est pourtant toujours pas au centre des débats. On dirait qu'avec leur activisme, les politiques veulent compenser les défaillances des services de sécurité dans leur enquête sur les dix meurtres racistes du trio terroriste.
Die tageszeitung oppose sur une pleine page les arguments pour et contre l'interdiction du NPD. Pour les partisans du « oui », un parti dont les membres ambitionnent de blesser, voire de tuer certains membres de la société ne peut pas être légal dans une démocratie. Et il ne peut pas non plus être financé par les impôts de ceux qu'il souhaite chasser du pays. Les adeptes du « non » considèrent qu'une démocratie solide n'a pas besoin d'interdire un parti politique, quel qu'il soit. Cette interdiction n'entraînerait pas en outre une plus grande sécurité pour les étrangers en Allemagne. Au contraire, elle provoquerait la radicalisation et l'atomisation de ce groupe raciste, ce qui rendrait son contrôle encore plus aléatoire. Dans une démocratie, les actes de violence doivent être réprimés par la police. L'interdiction d'un parti politique est une négation de la démocratie.
La Süddeutsche Zeitung explique pourquoi cette interdiction est pourtant nécessaire. En Europe, le NPD n'est pas le seul parti à propager une idéologie écœurante. Mais le néonazisme organisé dans un pays où le nazisme a entraîné des crimes abominables exige une réaction particulière. Pour l'interdire, point n'est besoin de prouver que le NPD a des activités terroristes ou violentes, il suffit juste de démontrer qu'il est anticonstitutionnel. Son caractère anticonstitutionnel découle clairement des déclarations publiques de sa direction, de son programme et de son comportement, conclut le quotidien de Munich.