L'extrême droite se présente en force aux européennes
7 juin 2024En Europe, les premiers pays ont commencé à voter ce jeudi (05.06) pour les élections européennes. Elles ont lieu tous les cinq ans. 720 sièges de députés sont en jeu au Parlement européen, l’organe législatif de l’UE.
Pendant la campagne, les thèmes privilégiés de l’extrême droite, notamment l’immigration, se sont largement imposés dans le débat public.
Jeudi (05.06), les électeurs aux Pays-Bas ont donné le coup d’envoi. Le parti du nationaliste et ouvertement islamophobe Geert Wilders a réussi à envoyer sept députés au Parlement.
Les élections européennes sont en partie le reflet des tendances politiques nationales. Or, dans certains pays, comme l’Italie et la Hongrie, l’extrême droite est au pouvoir.
Dans d’autres, comme la Finlande ou la Slovaquie, des formations nationalistes font partie du gouvernement. En Suède, l’extrême-droite soutient la coalition dirigeante. Ailleurs, comme en France ou en Autriche, ces partis sont aux portes du pouvoir.
Et ces dynamiques qui se renforcent depuis des années, se retrouvent aux élections européennes.
Le RN et Fratelli d'Italia ont le vent en poupe
En France, le Rassemblement national est en tête dans les sondages, et en Italie, Giorgia Meloni et son parti postfasciste Fratelli d'Italia sont donnés gagnants.
La Première ministre italienne veut voir "l’Italie changer l’Europe".
Ce slogan traduit bien un changement de cap dans l’approche des partis d’extrême droite. Il n’est quasiment plus question de dynamiter l’Union européenne, ce qui répond à une tendance lourde chez les électeurs : 70 % des citoyens européens estiment que l’UE est un espace de stabilité dans un monde en crise.
Dans aucun pays, la population pense que l’avenir serait plus radieux sans l’Union européenne.
Ainsi, le soutien à une sortie de l’UE, à l’image du Royaume-Uni, est relativement faible et en baisse. Selon l’Enquête sociale européenne, en Finlande par exemple, l’idée d’un Finexit ne séduit plus que 15 % des électeurs, contre près de 30 % en 2016. Ce soutien a aussi été divisé par deux aux Pays-Bas et au Portugal. Il est en forte chute en Autriche et en France.
Vers une grande alliance des partis nationalistes ?
C’est donc bien de l’intérieur que l’extrême droite ambitionne de transformer l’UE, en militant pour une politique migratoire plus restrictive, un renforcement des frontières nationales, en revoyant à la baisse les ambitions dans la lutte contre le changement climatique.
Au Parlement, les partis populistes siègent dans deux groupes différents. Actuellement, leur plus grande différence est leur position face à la guerre en Ukraine, l’un étant favorable à Kiev, l’autre affichant ses sympathies pour le Kremlin.
Le Rassemblement national de Marine Le Pen et le hongrois Victor Orban voudraient une fusion des deux groupes pour créer "un grand groupe souverainiste", qui pourrait devenir la deuxième force politique au Parlement, derrière les conservateurs du parti populaire européen, le PPE, donné favori de ce scrutin.
Mais pour cela, il faudrait venir à bout des réticences de Giorgia Meloni.
La Première ministre italienne s’est imposée comme un personnage clé de ces élections, qui vont aussi aboutir à la désignation de la Commission européenne. Or, l’actuelle présidente Ursula von der Leyen, en difficulté, a ouvert la porte à une alliance avec Giorgia Meloni pour être réélue.