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L’évacuation des marchés à bétail de Bamako se poursuit

Mahamadou Kane
29 octobre 2024

Fin septembre, les autorités locales avaient annoncé la fermeture de ces marchés à la suite des attentats contre des sites militaires de la capitale.

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Des éleveurs déplacent un troupeau de moutons
Le bilan humain de l'attaque djihadiste du 19 septembre varie selon les sources, mais toutes parlent de plusieurs dizaines de victimes.Image : Doukoune Coulibaly/EPA/dpa/picture-alliance

Les vendeurs de bétail du Graabal du quartier Sans Fil de Bamako ont été réveillés ce mardi martin (29.10) par des bruits de bottes et une descente des forces de sécurité musclée pour demander aux occupants de quitter les lieux. 

Un important dispositif de sécurité a été mis en place pour mener cette opération. Des dizaines d’agents de force de maintien de l’ordre, mais aussi de la protection civile ont investi le Graabal du quartier Sans Fil la nuit dernière. 

Ils ont totalement quadrillé les accès du marché qui accueillait quotidiennement vendeurs de bétail, bouchers et vendeuses d’aliments pour les bestiaux. 

Des évacuations dans le désordre 

Abass travaille sur place depuis près d’une trentaine d’années. Ce vendeur de bétail affirme que "les autorités nous avaient dit dans un premier temps qu’elles allaient nous indiquer un espace avec toutes les commodités à Kati Draal à des dizaines de kilomètres d’ici en vue de notre recasement. A notre grande surprise, ce matin à 03H du matin, nous avons été sommés par les agents de la police de déguerpir. Nous avons ainsi été contraints de quitter les lieux laissant sur place nos affaires. Mais nous avons pu sauver nos animaux. Nos affaires, non". 

Environ 300 personnes travaillaient au Graabal du quartier Sans Fil. Pour Samaké, boucher depuis une vingtaine d’années sur place, cetteopération de déguerpissement a été mal préparée : 

Il estime que "le marché à bétail de Kati Draal ne peut pas nous accueillir faute d’espace. Si nous devons aller là-bas, les capacités d’accueil seront dépassées. Premièrement, c’est loin - c’est à 35 kilomètres de Bamako ! Et deuxièmement, à l’heure où je vous parle, on ne nous a montré aucun endroit. En attendant, nous errons dans les rues avec nos animaux comme vous pouvez le constater vous-même".   

"Nous ne sommes pas des criminels"

Hama est l’un des doyens du marché évacué. Ce quinquagénaire a trouvé refuge avec ses chèvres et ses moutons dans une ruelle de son quartier. Il se sent humilié par la façon dont il a été délogé et veut dire "aux autorités de transition que nous regrettons la manière dont ils nous ont fait évacuer. Nous sommes tous des citoyens de ce pays, on ne peut pas nous traiter comme des hors la loi, nous ne sommes pas des criminels. Nous sommes tous des chefs de famille, si l’Etat nous met dehors, il doit trouver des moyens pour nous recaser quelque part afin que nous puissions subvenir aux besoins de nos ménages". 

Avant le Graabal du quartier Sans Fil, c’est celui de Lafiabougou qui avait été évacué il y a environ un mois.  

Les vendeurs de bétail et les autorités étaient pourtant parvenus à un accord dans la nuit de dimanche (27.10) à lundi en vue de la levée de la grève illimitée décrétée cinq jours plus tôt par les éleveurs des marchés à bétail. Ce mouvement avait occasionné une pénurie de viande dans la capitale malienne.