L'Europe, territoire d'immigration
1 juillet 2008Parmi les quatre grandes priorités de la présidence française de l'UE, il y a l'immigration, thème cher à Nicolas Sarkozy. Pendant les six mois à venir, le chef d'Etat espère faire adopter un pacte européen pour l'immigration et l'asile. Les deux principaux objectifs : que l'accord ou le refus d'un pays d'accueillir quelqu'un vaille pour les autres et - point de discorde avec l'Espagne - l'interdiction des régularisations massives. Parmi les migrants, il y a notamment les Africains. L'Afrique, comme le rappelle le président français lui-même, n'est qu'à 13 kilomètres de l'Europe.
Désertification, catastrophes naturelles, guerres... les raisons qui peuvent contraindre les hommes à quitter leur pays natal sont nombreuses. Lorsque Rotimi Adebari est parti du Nigéria, il ne se doutait probablement pas de ce qui l'attendait. En 2000 il est entré en Irlande et a demandé l'asile politique. Il avait choisi ce pays parce qu'il avait entendu dire qu'il était accueillant. Et c'est effectivement ce qu'il a constaté. Mais on ne lui avait rien dit du mauvais temps et de la difficulté à trouver du travail, malgré sa formation en économie.
Il a alors décidé de créer une entreprise de consultation qui propose des cours interculturels. Quatre ans plus tard, il a été élu maire de sa petite ville. Contrairement aux autres Etat membres de l'Union européenne, ici il n'est pas nécessaire d'avoir la nationalité irlandaise pour participer à la vie politique à l'échelle locale. Selon Rotimi, « si tu relies la participation politique à la nationalité, cela signifie qu'aussi longtemps que tu n'es pas citoyen du pays, tu n'as pas la parole, tu n'es pas représenté. On devrait se rendre compte que sur le plan local, les émigrés travaillant ici contribuent fortement à l'économie. Ils paient des impôts, leurs enfants vont à l'école. Pourquoi leur refuse-t-on la chance de pouvoir déterminer aussi la gestion des écoles de la région ou bien la façon de se procurer un logement ?»
Le pacte que souhaite faire signer Nicolas Sarkozy aux Vingt-Sept promet de rendre l'immigration vers l'Union plus difficile. Outre l'augmentation des contrôles aux frontières et l'arrêt des régularisations massives, il s'agit d'harmoniser les critères selon lesquels on accorde l'asile. Shirin Ramzanali Fazel est écrivain. Elle est née et elle a grandi en Somalie. Puis elle est venue en Italie dans les années 70, pour des raisons politiques également . « Ce que je constate, c'est un recul plutôt qu'une ouverture, déplore t-elle. Cette mentalité qui consiste à utiliser les personnes tant qu'elles peuvent faire quelque chose, et sinon et bien vas-t-en, ce n'est pas correct. On importe des personnes qui ont leurs propres idées, leur propre culture. Et ils aimeraient apporter leur contribution à ce pays, au niveau politique aussi ».
La discrimination, Shirin la ressent au quotidien. Elle a beau avoir la carte d'identité, ses parents sont enterrés en Italie, ses enfants y sont nés, mais on la considère toujours comme une étrangère. Et si Rotimi, le politicien venu du Nigeria a été désigné personnalité de l'année par le magazine irlandais sur l'Afrique Xclusive, Shirin, elle, a encore bien du mal à publier ses livres.