L’Europe n’aime plus les révolutions
24 février 2011La face sud de la Méditerranée est en ébullition et face à cela, l’Italie craint une crise humanitaire catastrophique. Rome publie depuis le début de la crise tunisienne, qui s’est soldée par l’arrivée massive de réfugiés sur l’île de Lampedusa, des communiqués alarmistes dont il est difficile de savoir s’ils correspondent à la réalité ou s’ils sont destinés à convaincre l’Europe de venir en aide à l’Italie. Toujours est-il que depuis le début de ces soulèvements populaires, les Européens ont le plus grand mal à accorder leurs violons sur ces soulèvements populaires dans les pays arabes.
Les 27 se sont au moins entendus mercredi sur le principe de sanctions à l’égard de Tripoli. Plusieurs types de sanctions sont actuellement sur la table : embargo sur les armes, gel d’avoirs financiers, interdiction de visas ou encore suspension de toute relation économique et commerciale. Mais pour l’instant, Bruxelles n’a jamais mentionné la possibilité d’intervenir directement en Libye pour chasser Mouammar Khadafi. Un pas qu’a pourtant franchi sans complexe le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn : « Ce qui se déroule en Libye est à mon avis un génocide de la plus grande gravité. Le plus important est que la communauté internationale fasse tout ce qui est possible pour mettre un terme à ce massacre. Je pense que nous devons nous préparer, si cela ne cesse pas, à ce qu’un mandat de l’ONU soit accordé afin de permettre de venir en aide aux Libyens victimes de ce massacre. »
Minarets-missiles
Nous poursuivons en suisse notre série sur les partis d’extrême-droite en Europe. Des partis populistes, xénophobes, qui, de manière paradoxale, pourraient bénéficier dans les urnes du vent de liberté qui souffle au sud de la Méditerranée. Car ils brandissent leur argument traditionnel : le risque d’une invasion de l’Europe par des populations étrangères, musulmanes, en l’occurrence toutes celles qui pourraient quitter, après la Tunisie, par exemple la Libye.
En Suisse, le parti UDC, l’Union démocratique du centre, joue ce rôle de messager des mauvais augures. Son discours est celui d’un parti d'extrême-droite classique qui stigmatise la population musulmane en brandissant le mythe d’une islamisation de l’Europe. Ainsi, l'UDC s'est-il fait connaître par ses affiches provocatrices lors des campagnes de votations sur les réfugiés, sur les étrangers criminels et sur l'initiative pour l'interdiction des minarets en Suisse. A cette occasion, les affiches de sa campagne représentaient en 2009 des minarets sous la forme de missiles. Les arguments sont toujours les mêmes: les étrangers seraient à l'origine de tous les problèmes. Mais ce parti populiste n'est pas marginal, puis qu'il est le plus représenté au Parlement, avec 29% des voix lors des dernières élections.
Un reportage à Genève de Philippe Nanzer.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Elisabeth Cadot