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Les tests privés de paternité

Christophe LASCOMBES13 janvier 2005

On s’y attendait un peu, même si certains le redoutaient : le tribunal constitutionnel allemand a interdit l’utilisation juridique des tests de paternité effectués en secret à titre privé. Les commentateurs de la presse allemande se partagent dans leurs appréciations sur ce jugement...

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Sans test génétique, et donc sans certitude, la paternité reste une affaire de confiance
Sans test génétique, et donc sans certitude, la paternité reste une affaire de confianceImage : AP

La Tageszeitung, de Berlin, critiquent tous ceux qui argumentent en faveur de l’interdiction des tests privés au motif qu’il existe la possibilité juridique de réclamer ouvertement ce test en cas de doute. Leur argument est faux car, comme le précise la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le droit allemand ne permet pas aux pères putatifs d’ouvrir une procédure judiciaire sur un simple soupçon. Au contraire, il leur faut présenter des circonstances concrètes justifiant leur demande. Pour le quotidien, le tribunal Constitutionnel exclut l’utilisation de ces tests privés de manière très conséquente. En effet, le Code civil allemand se fonde sur le principe : père une fois, père toujours.

Die Welt, se montre plus critique au sujet des attendus du jugement qui invoquent le droit de l’enfant à l’autodétermination en matière d’information. Le test génétique porte donc atteinte à la sphère intime de l’enfant ? Bien sûr ! Mais les parents ne cessent-ils pas de porter atteinte à cette sphère intime dans leur travail de parents et d’éducateurs ? Ce jugement par contre fait des pères des parents de deuxième classe. Alors que leur droit de savoir arrive après ceux de l’enfant, la mère reste ainsi seule maîtresse du savoir concernant la filiation puisque tout test de paternité dépend obligatoirement de son consentement. Et là, plus personne ne parle des droits de l’enfant, ironise le quotidien.

La Frankfurter Rundschau n’y va pas par quatre chemins et se félicite de ce jugement, s'appuyant sur des estimations officielles selon lesquelles 75% des commanditaires de tests privés s’avèrent bien être les géniteurs de leurs enfants. Et le journal de clouer au pilori ces égoïstes « qui ne se rendent pas compte des dégâts qu’ils provoquent » et il fait un amalgame douteux en agitant le spectre de tests génétiques effectués en secret par un employeur pour déterminer si tel ou tel de ses employés présente une maladie génétique.

Pour finir, la Süddeutsche Zeitung souligne que la Cour de Karlsruhe replace au centre du débat les droits de l’enfant que certains avaient ravalé au rang d’otage entre père et mère et leurs intérêts. L’enfant a le droit de conserver la maîtrise de l’intégrité de ses informations génétiques et il faut éviter que ces données soient utilisées sans contrôle. Seulement, les pères doivent avoir la chance de pouvoir faire certifier leur paternité. Sinon, ce jugement aura pour conséquence que de plus en plus de pères refuseront de reconnaître leurs nouveaux-nés, conclut le quotidien.