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Les opposants de Paul Biya libérés

Elisabeth Asen
31 octobre 2018

Au Cameroun, les 18 militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, interpellés dimanche dernier sur le perron de la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé, sont libres. Arrêtés pour avoir protesté contre la victoire de Paul Biya à la dernière présidentielle, ils ont décrit des conditions de détentions très dures.

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Une partie des 18 activistes du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a quitté hier après-midi les locaux de la police judiciaire, tandis qu'une autre était libérée du commissariat central Numéro 1. 

En tout, 15 hommes et 3 femmes qui ont retrouvé leurs familles hier soir.

Je n'ai pas de mots...

 

Parmi ces activistes, Pascale Njitat est vice-présidente régionale pour le centre des femmes du MRC. Elle relate ces trois jours de détention. 

"Ce n’était pas facile du tout. La brutalité policière, les conditions... On nous a empêché de voir nos familles, nos conseils, même la nourriture et l'eau on n'y avait pas accès. Si on mangeait quelque chose, c’était grâce aux autres détenus qui acceptaient de partager leur repas avec nous. Il n'y a pas de mots pour décrire ça. On ne s'attendait pas à vivre quelque chose comme ça. Je n'ai pas de mots..."

Maître Emmanuel Sihm est l'avocat des victimes et il estime que les agissements des autorités camerounaises vont à l'encontre des conventions internationales sur le droit de manifester. 

Kamerun Präsidentschaftswahl Wahlkampf | Anhänger von Maurice Kamto
Militants du MRC, lors de la campagne électorale pour la présidentielle 2018Image : DW/H. Fotso

"Je voudrais rappeler au monde entier que le Cameroun est membre des conventions internationales qui prévoient la liberté de manifestation. Et la constitution camerounaise, elle-même, réaffirme cette liberté de manifester, elle est actée dans les instruments juridiques aussi bien internationaux que nationaux. Le problème au Cameroun est que malgré la loi, malgré les conventions internationales ratifiées par le Cameroun, on ne peut jamais être en mesure de manifester."

 

Aucune infraction pénale

Emmanuel Sihm ajoute que désormais la suite de l'affaire est entre les mains de la justice. Mais selon lui, les militants n'ont commis aucune infraction et un procès n'est pas nécessaire.

 "Dans ce cas, on peut estimer qu'il n'y a pas lieu de les poursuivre puisqu'il n'y a pas eu d'infraction. La solution la plus intelligente, en l'état, est que - ces jeunes n'ayant commis aucune infraction pénale, l'autorité de police en tire les conclusions et classe le dossier sans suite. Si on reprend le fil des événements, il n'y a aucune raison qu'il y ait un procès contre ces militants."

En attendant, le MRC a prévu de poursuivre son mouvement de protestation jusqu'à la prestation de serment de Paul Biya, prévue pour le 6 novembre au plus tard.