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Les mots pour le dire...

19 octobre 2012

La presse allemande revient sur la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans la mort d'Algériens à Paris en 1961 et sur le duel oratoire d'hier au Parlement entre Angela Merkel et Peer Steinbrück.

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Le 17 octobre 1961, la police française réprime dans le sang une manifestation pacifique d'Algériens
Le 17 octobre 1961, la police française réprime dans le sang une manifestation pacifique d'AlgériensImage : ARCHIVES/AFP/Getty Images

La course est ouverte, lance die Welt. Peer Steinbrück a ouvert la campagne des prochaines législatives avec un discours qui révèle ses talents mais aussi ses faiblesses. S'il sait adroitement garnir sa prose de citations de philosophes et d'historiens, il néglige par contre d'indiquer comment il compte financer ses beaux projets.

La joute oratoire d'hier au Bundestag a été feutrée, discrète et retenue, note avec déception la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Peer Steinbrück n'a pas donné l'impression de vouloir prendre l'avantage sur la chancelière. Surtout dans le domaine de la politique européenne. Son discours n'a fait que reprendre la vieille rengaine sociale-démocrate : nous ne voulons pas tout réinventer, mais faire beaucoup mieux que vous.

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Le candidat social-démocrate à la chancellerie, Peer Steinbrück, n'a pas été très agressifImage : AFP/Getty Images

Le quotidien de Francfort revient également dans ses colonnes sur la reconnaissance officielle hier par Paris de la responsabilité de policiers français dans les massacres perpétrés le 17 octobre 1961 lors des manifestations d'opposants algériens.

Ce qui fait dire à die tageszeitung : il est trop tard pour panser les plaies ouvertes par ce que François Hollande a pudiquement appelé une "tragédie". Dans ce contexte, les réactions indignées de la droite et du Front National à ce début de remords officiel sont plus que déplacées. En tentant de défendre l'honneur perdu des forces de l'ordre de 1961, ils insultent la mémoire des victimes et bafouent leurs descendants.

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La France reconnaît enfin sa responsabilité dans le massacre de 1961Image : AFP/Getty Images

La France est une nation qui se définit par le partage de certaines valeurs et pas par le sang et l'origine, analyse la Süddeutsche Zeitung. Ce pays tire son ancrage identitaire dans l'Histoire. S'il se réchauffe aux pages glorieuses de son histoire, il refuse parfois de considérer les chapites les plus sombres de son passé. Mais il arrive parfois qu'un homme politique français ait la grandeur de briser le silence. Le gaulliste Jacques Chirac a reconnu la faute inexpiable de la République lors de l'occupation nazie. Aujourd'hui, c'est le socialiste François Hollande qui reconnaît officiellement que la police parisienne a commis un massacre sur des manifestants algériens. La France assume ici la totalité de son histoire et pas seulement ses heures de gloires. Cela honore ce pays et renforce son identité, conclut le quotidien de Munich.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Sébastien Martineau