Les menaces d'autodafé du coran suscitent l'indignation
8 septembre 2010Terry Jones était un parfait inconnu avant de déclarer publiquement qu’il procéderait à l’autodafé d’un exemplaire du coran. Depuis, il est au cœur des déclarations politiques aux Etats-Unis et donne des interviews à tous les grands médias du pays. La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’est elle aussi empressée de s’exprimer à l’occasion de la rupture du jeûne avec des dignitaires musulmans :
« Nous partageons ce repas ensemble alors que nous apprenons qu’un pasteur de Gainesville en Floride prévoit de brûler le texte sacré du coran le 11 septembre prochain.Je me réjouis de la condamnation unanime de ce geste irrespectueux et dangereux. Tous les leaders religieux qu’ils soient évangélistes ou juifs, ainsi que des hommes politiques et des journalistes ont fait part de leur ferme désapprobation. »
L’autodafé d’un texte sacré est outrageant. Non seulement cela représente un affront à l’encontre des fidèles mais cela rappelle les plus sombres chapitres de l’histoire. Brûler un livre quel qu’il soit représente la levée d’un tabou et c’est la porte ouverte à d’autres formes de débordements violents. Les commandants américains en Afghanistan ont prévenu lundi que des vies seraient mises en danger si Terry Jones et sa cinquantaine de fidèles mènent leur projet à bien. Robert Gibbs, porte parole du président américain :
« Il est évident qu’un acte de cette nature pourrait nuire à nos soldats. Et c’est pour cela que notre gouvernement est très inquiet. »
Tout comme ce fut le cas pour les caricatures de Mahomet, des manifestations anti-américaines sont attendues. A Kaboul, plusieurs centaines d’Afghans, principalement des étudiants d’écoles coraniques, ont manifestés devant une mosquée en scandant « Mort à l’Amérique ».
Mais une question se pose néanmoins : Comment expliquer que l’intention d’un prêtre isolé au fin fond des Etats-Unis puisse susciter des réactions jusqu’aux plus hautes sphères politiques ? L’une des raisons est que ce type de geste peut saper l’un des objectifs de Barack Obama depuis son élection : normaliser le rapport des Etats-Unis avec le monde arabe et couper l’herbe sous le pied des islamistes. Nous nous rappelons qu’Obama avait lors de son investiture lu son nom en intégralité, Barak Hussein Obama, c’est à dire également son prénom musulman. Ensuite lors de son discours d’investiture il a rappelé que les Etats-Unis étaient une nation « de chrétiens et de musulmans, de juifs, d'hindous et d'athées. » C’était la première fois que les musulmans étaient clairement évoqués dans un discours d’investiture américain. Or un acte comme celui du prêtre de Floride est un geste très facile à manipuler pour attiser les sentiments anti-américains.
Auteur: Sylvie Ernoult
Edition: Sandrine Blanchard