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Les manifestations sociales toujours réprimées au Soudan

31 décembre 2018

Pour tenter d'apaiser la tension, le président soudanais a appelé les forces de l'ordre au calme et à la retenue. Mais cet appel n'a pas eu d'effet ce lundi à Khartoum où des cas de blessés graves ont été signalés.

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Unruhen im Sudan - Proteste in Khartum
Les manifestants dans la rue de KhartoumImage : Reuters/M.N. Abdallah

L’appel à la retenue a été lancé dimanche (30.12.2018) alors qu'au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début de la contestation, selon les autorités qui affirment que la plupart des manifestants ont été victimes d'"incidents liés au pillage". Amnesty International cependant évoque un bilan de 37 morts et les Nations unies ont demandé aux autorités soudanaises "de mener une enquête approfondie sur les morts et la violence".

Selon les habitants, des centaines de soldats et de policiers étaient toujours déployés dans la capitale Khartoum ce lundi, mais ils n'ont pas empêché les manifestants de descendre dans les rues.

Les manifestants avaient cette fois l'objectif de défiler jusqu’au palais présidentiel. Ils reprochent à nouveau aux forces de l’ordre d’avoir fait recours à des méthodes violentes, ce qui a provoqué ce lundi des échauffourées, selon Rudwan Daoud, habitant de Khartoum. Il raconte à la DW :  

"Même aujourd’hui, j’ai vu quelqu’un qui avait été grièvement blessé par les snipers. Généralement beaucoup de personnes tuées ont reçu des balles dans la tête et dans la poitrine. C’est vraiment terrible, c’est inacceptable. On ne va pas permettre que ça continue ainsi."

Le malaise social 

Le Soudan traverse une période de marasme économique sans précédent. Les contestations ont débuté après la récente hausse du prix du pain, passé du simple au triple, soit d’une livre soudanaise (l'équivalent d’1 euro) à trois. Mais il s’agit de la goutte d’eau qui a fait déborder le vase déjà bien plein, estime encore Rudwan Daoud: 

"Le peuple a vraiment faim", critique-t-il, "les enfants ne peuvent plus aller à l’école, les prix ont grimpé, et tout est devenu cher. Les gens ne peuvent même pas retirer l’argent dans leurs comptes bancaires. C’est terrible ! Notre système économique est corrompu, les relations avec la communauté internationale sont très mauvaises", dit-il.

Au delà des revendications sociales, certains manifestants souhaitent le départ du président Omar el Béchir.

"Béchir doit trouver des solutions sans passer par la force"

Craignant la persistance des revendications à caractère politique, le président el Béchir a lui-même appelé au calme. Un appel qui ne suffit pas, selon Florent Geel de la FIDH, la Fédération internationale des droits de l’Homme:

"Il faut aussi d'autres mesures plus sociales pour satisfaire des revendications qui ne sont plus sociales, mais qui ont aussi des traits politiques, comme il se produit souvent au Soudan", dit-il à la DW. "La récurrence de ces contestations politiques et sociales fait que le régime de Béchir doit trouver des solutions sans passer par la force."

Vendredi (28.12.2018), le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres, avait demandé aux autorités soudanaises de mener une enquête approfondie sur les morts et la violence. Il avait  souligné la nécessité de garantir la liberté d’expression et de rassemblement pacifique au Soudan.