Les limites de la « méthode Sarkozy »
17 septembre 2010La France, le pays des droits de l'Homme par excellence, expulse en masse des Roms, constate Die Welt. Au vu du scandale que cela provoque, on peut imaginer sans peine ce qui se serait passé si cela avait été en Allemagne, un pays qui a assassiné 100.000 membres de cette communauté pendant la période nazie. Le problème, c'est que le président Sarkozy heurte les piliers moraux de l'Union européenne que sont l'autodétermination et la liberté de circulation. Il démantèle les camps illégaux de ces nomades tout en sachant parfaitement qu'ils sont citoyens de l'Union et qu'ils ont, de ce fait, le droit d'aller où ils le souhaitent.
La Süddeutsche Zeitung juge que la Commission a le devoir d'affronter le gouvernement français si celui-ci se sert des Roms comme boucs-émissaires. Mais elle devrait éviter de diaboliser le président Sarkozy pour affirmer sa puissance. L'Europe, prévient le journal, ne doit pas se perdre dans des disputes venimeuses et des susceptibilités nationales. Il lui faut des dirigeants forts pour aborder des sujets plus essentiels.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la crise actuelle est également une leçon sur les faiblesses de la méthode Sarkozy. Nicolas Sarkozy, le président pressé qui file d'un foyer de crise à un autre. Il suffit d'un fait divers, comme la mort tragique d'un membre de la communauté rom lors d'un contrôle de police et les protestations violentes qui s'en suivent pour que le président annonce une « offensive ». Le résultat importe peu, Sarkozy est l'homme de l'instant médiatique, un opportuniste des projecteurs. Le journal estime que cette méthode est usée et qu'elle a plongé le gouvernement français dans le chaos le plus complet.
La F.A.Z. commente aussi la venue du pape en Grande-Bretagne, un voyage historique puisqu'il est le premier chef de l'Eglise catholique romaine à faire une visite d'Etat sur l'île depuis la création de l'Eglise anglicane au XVIème siècle. Dans le passé, les voyages de Benoît XVI l'ont déjà conduit en terrain difficile, comme en Turquie en 2006 ou aux Etats-Unis en 2008. Mais jamais un pape n'a été autant attaqué par le public en amont de sa venue qu'au Royaume-Uni, écrit le journal, qui évoque un ton « agressif et haineux ».
Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Philippe Pognan