Les Egyptiens de nouveau dans la rue
8 juillet 2011Derrière ces nouvelles manifestations, il y a la crainte que la révolution égyptienne soit confisquée par l'armée. Cette crainte touche en particulier les jeunes, ceux de la génération Facebook, ceux qui ont fédéré plus d'un million de personnes par exemple sur un page comme "Nous sommes tous Khaled Saïd", du nom d'un étudiant frappé à mort par la police en juin 2010. Tous ces jeunes reprochent à l'armée de freiner les réformes et surtout d'épargner les exécutants de l'ancien régime.
Le récent acquittement de trois anciens ministres de Hosni Moubarak, poursuivis dans des affaires de corruption, mais aussi le report de procès de nombreux policiers accusés d'avoir tué des manifestants : tout cela a aggravé la tension qui couvait depuis plusieurs semaines entre la jeunesse et l'armée. « Les gens sont vraiment en colère. Ils ne comprennent pas pourquoi cela dure aussi longtemps avant de juger les gens qui ont attaqué les manifestants. Nous avons eu plus de mille morts et beaucoup ont été tués d'une balle dans la tête. Cela signifie qu'il y a eu un ordre de tirer. Et il y a certaines personnes qui sont responsables de cela », explique Hala Shukrallah. Elle est présidente de la branche égyptienne du Center for Development Support, une association de protection des droits humains.
Etouffer la révolution
Le pouvoir en Egypte est entre les mains des militaires qui ont promis d'organiser des élections en septembre. Ce rassemblement illustre le fait que la population ne croit plus les promesses des militaires. D'ailleurs, la manifestation de ce vendredi est particulièrement dangereuse pour le maréchal Hussein Tantaoui, le chef du conseil militaire qui dirige le pays. En effet, les Frères musulmans ont accepté de s'y joindre alors que le mouvement islamiste était jusqu'alors réticent.
Cela prouve aussi que les Frères musulmans commencent à douter de la tenue véritable d'élections en septembre. Il s’agit donc d’un mouvement populaire, qui redoute que les militaires cherchent à étouffer la révolution et qui, aussi, réclame enfin une amélioration des conditions de vie : tout ce en quoi les Egyptiens avaient crû après la chute de Hosni Moubarak.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Kossivi Tiassou