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Un vent de sécession souffle à nouveau sur le Sud-Kivu

El Dorado Mude
18 mars 2019

Au Sud-Kivu, l’élection des représentants de l'Assemblée est problématique. Des voix s'élèvent pour dénoncer une composition politique qui ne refléterait pas l’équilibre entre les différentes tribus de la province.

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Karte DR Kongo Nord-Kivu Süd-Kivu Goma Bukavu englisch

C'est au sein de la jeunesse de la tribu "Lega" que les premières manifestations de frustration ont été perçues et exprimée. Estimant leur tribu exclue des postes clés de gestion de la province, ces jeunes ont lancé un mouvement pacifique dénommé "mouvement du 14 mars, dynamique Elila".

Leur objectif ? Revendiquer la création d'une  nouvelle province d'Elila à travers le démembrement de l'actuelle province du Sud-Kivu en deux provinces. Celle d'Elila devra comprendre le territoire de Mwenga, Shabunda, Fizi et Uvira. "Il y a un certain nombre de leaders politiques qui considèrent le Sud Kivu comme leur patrimoine privé, et de ce point de vue, ils ne veillent pas gérer avec les autres. c'est inacceptable", estime Héritier Mukamba, membre du mouvement. 

L'équilibre identitaire, clef de la stabilité de la région

Le politologue Elly Habibu  pense que cette grogne est à prendre très au sérieux car l'équilibre identitaire est un ingrédient déterminant dans l'histoire politique du Sud-Kivu. "Les Barega se sentent moins représentés" explique-t-il. "Normalement, on devrait déjà sélectionner les candidats au niveau des élections indirectes en tenant compte de cette logique identitaires qui existe chez nous. Conséquence : on risque  d'avoir des crises politiques fondées sur les replis identitaires."

Jean Marie  Bulambo Kilosho, leader de la communauté Lega et député national rappelle qu'il y a nécessité d'un consensus autour des animateurs à la tête des institutions du Sud-Kivu pour sauvegarder la cohésion sociale. "La gestion de cette province se fait et doit toujours se faire sur une base consensuelle. Il y a des gens qui estiment qu'ils peuvent rompre avec ce principe; Ils ont tort. Moi j'en appelle au consensus et immédiatement car la politique règle tout." 

La société civile à la rescousse

Pour la société civile, l'heure n'est pas à la division. Son président national Jean-Chrysostome Kijana appelle au calme : "Nous sommes dans une République qui a plus de 400 tribus. Si on commence chacun à se mettre derrière sa communauté tribale, on risque de vivre l'explosion de cette grande nation. Aux acteurs politiques, nous demandons de cesser de tirer les ficelles. Dans cette affaire, nous savons qu'ils ne se battent pas pour l'intérêt suprême des citoyens mais qu'ils se battent pour leur positionnement politique."

Pour le politologue Elly Habibu, il faut des médiations pour désamorcer la crise.

Alors que l'ossature politique de la présente législature se complète au Sud-Kivu, une pétition circule pour récolter des signatures en faveur de la création de la fameuse province d'Elila.