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Le Nigéria dans la spirale des attentats

Marie-Ange Pioerron18 avril 2014

Le Nigéria n'en finit pas de compter ses morts. La presse allemande s'intéresse aux attentats à répétition, attribués au groupe terroriste Boko Haram.

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Après l'attentat à la gare routière de Nyanya
Après l'attentat à la gare routière de NyanyaImage : imago/Xinhua

Après l'attentat qui a coûté la vie à plus de 70 personnes à la gare routière de Nyanya, à la périphérie d' Abuja la capitale, le quotidien Die Welt publie la photo d'un blessé dans un article intitulé "Comment des islamistes terrorisent un pays tout entier". La capitale nigérianne, note le journal, a été épargnée par les attentats pendant deux ans. En avril 2012 l'immeuble du quotidien "This Day" avait été la cible des terroristes. Le président Goodluck Jonathan avait alors ordonné de renforcer la sécurité dans la capitale et avait promis des soins gratuits aux blessés. Depuis des années déjà le gouvernement fait pourtant l'effet d'être totalement impuissant dans la lutte contre le terrorisme.

Recherche d'indices après l'attentat
Recherche d'indices après l'attentatImage : Reuters

die tageszeitung souligne que c'est bel et bien la capitale, centre de la politique et du pouvoir, qui a été visée, et non pas un village éloigné dans le nord du pays. Mais ajoute le journal, rien que dans les régions rurales du Nigéria ce sont des centaines de personnes qui ont été tuées dans des attentats ces deux dernières semaines. De violents affrontements entre éleveurs et paysans sédentaires sont également à l'ordre du jour. Mais le gouvernement central semble ignorer tout cela. Il n'envoie aucun message de condoléances aux parents des victimes ni ne demande aux hôpitaux de traiter les blessés le mieux possible. Cela crée une société à deux classes. Et surtout, poursuit le journal, cela montre que le gouvernement ne croit plus lui même pouvoir remporter le combat contre les terroristes dans le nord du Nigéria. Le président n'a pas son pays en main, estime également la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C'est peut-être le message le plus alarmant envoyé par les attentats dans le nord du Nigéria. Il y aura l'an prochain une élection présidentielle, et Goodluck Jonathan, un chrétien du sud, veut se représenter. Cela déplaît à beaucoup de gens dans le nord musulman du pays. L'instauration en 2013 de l'état d'urgence dans les régions frappées par Boko Haram n'a servi à rien. Une lutte efficace contre le terrorisme présuppose que l'on ait la confiance de la population.

Manifestation de réfugiés africains, dont Erythréens, en Israël, janvier 2014
Manifestation de réfugiés africains, dont Erythréens, en Israël, janvier 2014Image : Reuters

Fuir l'Erythrée

En Méditerranée, l'afflux de migrants sur les côtes italiennes se poursuit. Parmi eux, beaucoup d'Erythréens. Et selon un quotidien allemand, cela s'explique par la nature du régime érythréen. Un régime que la Frankfurter Allgemeine Zeitung qualifie d'une formule déjà souvent employée : la Corée du nord de l'Afrique. Entre 2 et 3 000 Erythréens, relève le journal, quittent chaque mois le pays selon les estimations des Nations unies. La plupart fuient par la voie terrestre, seule une minorité emprunte la coûteuse et périlleuse voie maritime. Pour une population de 5,2 millions d'habitants, ce sont 5% de cette population qui sont à l'extérieur du pays. L'une des raisons le plus souvent avancées pour expliquer la fuite à l'étranger est le service militaire, précise le journal. En Erythrée chaque homme doit effectuer à partir de 18 ans un service militaire limité officiellement à 18 mois. En réalité il peut durer dix ans, sans qu'aucune explication ne soit donnée aux recrues. Depuis la guerre frontalière avec l'Ethiopie, qui s'est terminée en 2000, le pays est dans un état permanent de mobilisation générale. Cette mentalité d'assiégés trouve son prolongement dans la vie de tous les jours. Il n'y a en Erythrée ni liberté d'opinion, ni liberté de réunion, souligne la Frankfurter Allgemeine.

Dans un bureau de vote d'Alger, 17 avril 2014
Dans un bureau de vote d'Alger, 17 avril 2014Image : picture alliance / AA

Algérie: un scrutin sans suspense

L'élection présidentielle en Algérie est un autre sujet qui retient cette semaine l'attention de la presse allemande. Précisons que les articles cités ci-dessous sont parus avant le scrutin du 17 avril. Par exemple cet éditorial de la Süddeutsche Zeitung, intitulé "Un patient au palais présidentiel". Un patient de 77 ans, gravement marqué par son accident vasculaire cérébral et incapable de faire quelques pas tout seul, note le journal. Bien sûr il y a eu des chefs d'Etat qui ont dirigé leur pays depuis leur fauteuil roulant. L'Américain Roosevelt en est un exemple. Mais souligne le journal, il vaudrait mieux pour l'Algérie qu'Abdelaziz Bouteflika se retire. Apparemment le vieil homme ne peut ou n'a pas le droit de le faire. Le régime a encore besoin de lui - ne serait-ce que comme marionnette des officiers et chefs d'entreprise qui ont entre leurs griffes ce pays riche en matières premières. Personne ne doute de la réélection de Bouteflika, écrit de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais cette fois-ci les services secrets ne l'appuieront pas en matière de fraude électorale. Et ses partisans peinent à enthousiasmer les foules pour ce président malade.

Dans le parc des Virunga
Dans le parc des VirungaImage : DW/S.Schlindwein

Attentat contre un héros en RDC

En République démocratique du Congo le directeur du parc des Virunga, le Belge Emmanuel de Mérode, a éte attaqué par des hommes armés. Il fait partie, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, des rares étrangers qui jouissent du statut de héros en RDC. Depuis 2008 il dirige le parc des Virunga, mondialement célèbre pour ses gorilles des montagnes. En six ans il a réussi à endiguer le braconnage et réduire fortement les coupes illégales de bois. Au besoin, il a su amadouer les chefs rebelles pour qu'ils laissent ses gorilles en paix. L'embuscade qui lui a été tendue survient alors qu'il venait tout juste de déposer auprès du procureur de Goma un dossier sur les magouilles d'une société pétrolière, avide d'obtenir des concessions dans le parc des Virunga. Mais ajoute le journal, il s'était fait aussi beaucoup d'ennemis dans la mafia du charbon de bois.