Le monde "étrange" de l'économie
24 mars 2009Les actionnaires et les investisseurs peuvent se réjouir, note la Tageszeitung : pour eux un cadeau allant jusqu'à un billion de dollars. Le gouvernement américain vient de prendre une décision historique : racheter les actifs toxiques des banques et ainsi endosser les risques de pertes. Le ministre des Finances Timothy Geithner croit encore en la capacité du marché à se régénérer, et c'est exactement ce genre d'erreur qui va énormément coûter aux contribuables. Les produits toxiques titrisent des crédits qui ne seront jamais remboursés parce que de nombreux Américains sont endettés jusqu'au cou. Toutefois Geithner essaie de rendre tout ça moins toxique, d'enjoliver : il veut faire contribuer les investisseurs privés. Mais pas de quoi soulager le budget de l'Etat, estime le journal, car ces investisseurs feront en sorte que les pertes restent à sa charge.
Barack Obama appréhende la crise comme une chance pour réajuster les rapports entre le marché et l'Etat, observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Davantage d'impôts pour les plus riches, intervention publique dans la protection du climat, plus de contrôle du système de santé et de nouvelles règles pour le marché financier : tout cela est dans l'air du temps et obtient l'approbation d'une grande part de la population. Mais le président doit faire attention à ne pas paralyser ceux-là même qu'il dit vouloir renforcer, à savoir ceux qui ont l'esprit d'entreprise et qui sont prêts à prendre des risques.
Autre sujet du jour : Aabar Investissements qui a pris 9,1% du capital du constructeur automobile allemand Daimler. Si le ministre de l'Economie n'a pas encore envoyé de lettre de remerciement à Abu Dhabi, il devrait le faire tout de suite, écrit die Welt. Le fonds public de l'émirat renfloue l'entreprise de 2 milliards d'euros. Les Arabes enlèvent ici au gouvernement une grosse épine du pied.
Comme le monde de l'économie est étrange, remarque pour sa part la Süddeutsche Zeitung. Des seigneurs de l'or noir investissent des milliards de pétrodollars pour préparer l'abandon du pétrole. Aabar Investissements et Daimler vont développer la recherche sur les véhicules électriques. Et dans les environs d'Erfurt, les Cheikh d'Abu Dhabi fêteront début avril la fin de la construction d'une usine solaire. Une usine dont les cellules photovoltaïques doivent servir ensuite à la naissance de Masdar City, la ville du futur, une ville sans énergie fossile.