Le grand buffet de la conjoncture est ouvert
14 janvier 2009Des chiffres, des chiffres et encore des chiffres. Un plan historique : 50 milliards d'euros dont 17 milliards pour l'investissement, 18 milliards de baisses d'impôt, une prime exceptionnelle de 100 euros par enfant... le grand buffet de la conjoncture est ouvert, titre die Welt, et la grande coalition a prévu des petits fours pour tout le monde. C'est joli, c'est consensuel, mais cela est-t-il vraiment adapté pour étouffer la crise économique, s'interroge le quotidien ? Le plan de relance est censé, comme son nom l'indique, relancer l'économie. Pour cela, il ne faut pas seulement qu'il ait un volume conséquent. Il faut aussi qu'il soit stimulant et surtout que ses effets soient rapides. En un mot, tout le contraire des mesures adoptées par le gouvernement.
Comment ne pas se réjouir d'une baisse des impôts et des cotisations, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C'est une bonne surprise, certes. Mais personne n'est dupe : l'effet euphorisant du plan va rapidement s'évanouir. En revanche les nouvelles dettes engendrées par l'Etat, elles, mettront bien plus de temps à disparaître. Et s'il va falloir attendre plusieurs années avant de connaitre la fin du thriller intitulé "la bulle du crédit, 2", le film en question fait déjà, maintenant, froid dans le dos.
Die Tageszeitung
remarque pour sa part que la grande coalition et en particulier les partis conservateurs distribuent leurs cadeaux aux mauvaises personnes. Prenons par exemple les baisses d'impôts. Au final elles ne profiteront qu'aux gros revenus. Même chose pour la baisse de la cotisation pour l'assurance maladie. Elle est non seulement plus faible qu'initialement prévue, mais elle va également davantage profiter aux personnes qui gagnent bien leur vie. Ceci est d'autant plus inquiétant lorsque l'on sait que les effets du plan seront des effets à long terme.Selon la Süddeutsche Zeitung enfin, on peut discuter indéfiniment du sens ou du non sens de ce second plan de relance. Mais le fait est que la situation du moment est plus dangereuse qu'elle ne l'a jamais été et que personne ne remet cela en doute. Ralentissement économique, crise financière et défaillances structurelles, voilà trois foyers d'incendie qui se sont rejoints pour créer un gigantesque brasier. L'Etat se devait d'apporter une réponse adaptée à l'ampleur de la catastrophe. Malgré toutes les critiques, justifiées, que l’on peut faire à l’Allemagne pour sa gestion de la crise, il faut reconnaître que le pays, avec ses deux plans qui cumulent 75 milliards d’euros, est à la hauteur de son poids économique au sein de l’Union européenne.