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"Le degré de violence a été atteint..." (Stanislas Ouaro)

Richard Tiéné
2 juin 2021

Une réforme dans l’enseignement secondaire rencontre la colère des élèves au Burkina Faso. Résultats : destruction de mobiliers, séquestrations et fermeture de la plus grande école. Les autorités jouent la carte de l’apaisement. Le ministre de l'Education nationale, Stanislas Ouaro, revient sur la réforme qui a conduit aux violences.

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Depuis quelques semaines, à Ouagadougou et à Koudougou au Burkina Faso, des élèves sont dans les rues pour protester contre une nouvelle réforme scolaire. La situation s’est d’ailleurs dégradée et les forces de police ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Récemment, des lycéens ont aussi saccagé les bureaux et véhicules de leurs professeurs. Conséquence : le gouvernement a décidé de la fermeture du lycée Philippe Zinda Kaboré, le plus grand de la capitale. Pour en savoir plus au sujet de cette situation, le ministre de l’Education nationale et de la promotion des langues a accordé une interview à la DW. Stanislas Ouaro est au micro de notre correspondant Richard Tiéné.  Entretien...

 

DW : Bonjour professeur Stanislas Ouaro, vous êtes le ministre de l'Education nationale et de l'Alphabétisation du Burkina Faso. Merci de répondre aux questions de la Deutsche Welle. Depuis quelque temps, on assiste à quelques remous au niveau des scolaires de Ouagadougou. Décision a été prise en Conseil des ministres de fermer le plus grand établissement d'enseignement secondaire. Il s'agit du lycée Philippe Zinda Kaboré. Comment en est-on arrivé là ?

 

Stanislas Ouaro : Ce qu'il faut dire, c'est que les manifestations ne sont pas seulement à Ouagadougou. C'est vrai que le degré de violence a été atteint à Ouagadougou et à Koudougou. Donc, dans notre pays, dans deux localités, ce sont des manifestations consécutives à des réformes que nous avons engagées dans le système. La première réforme consiste à ne plus administrer des sujets au choix en sciences de la vie et de la terre, en histoire-géographie au brevet d'études du premier cycle. Et cette décision, on va dire donc, est une commande et a été faite suite à un besoin des encadreurs pédagogiques et des enseignants de notre pays. Et puis, la réforme du baccalauréat qui va venir, qui consacre donc au baccalauréat d'être le dernier diplôme de l'enseignement secondaire. Ces manifestations ont provoqué par endroits des violences et qui ont atteint leur paroxysme, on va dire la semaine dernière, avec le saccage de l'administration du lycée Philippe Zinda Kaboré et la destruction du véhicule du proviseur. Et avant cela, les jours qui ont précédé cette violence inouïe, il y a eu aussi des destructions de tables bancs, des destructions de bureaux et des chaises des enseignants et la destruction du système électrique du lycée Philippe Zinda Kaboré, faisant en sorte que cet établissement n'est plus fonctionnel. Le deuxième établissement aussi, le lycée Nelson Mandela, il faut dire qu'à ce niveau, les cours n'ont pas encore repris parce que le proviseur, le chef d'établissement et la conseillère principale d'éducation avaient été séquestrés et les élèves avaient exigé qu'ils soient non grata, c’est-à-dire des personnes qui ne reviennent plus dans l'établissement. Et donc l'établissement ne fonctionnait plus. Mais nous avons décidé de rouvrir cet établissement. Nous travaillons à ce que cela soit fait cette semaine. Par contre, pour le lycée Philippe Zinda Kaboré, il n'est plus fonctionnel et donc, qu’on le veuille ou pas, on ne peut plus pour le moment assurer des activités pédagogiques dans cet établissement. Et c'est pour cela que le Conseil des ministres a instruit de procéder à la fermeture de cet établissement.

 

 

Selon Ouagadougou, l’école burkinabè doit être réformée
Selon Ouagadougou, l’école burkinabè doit être réformée Image : Imago/photothek/U. Grabowsky

DW : Jusqu'à nouvel ordre. Qu'est-ce qu'on doit entendre par là ?

 

Stanislas Ouaro : Jusqu'à nouvel ordre, c'est jusqu'à ce que des conditions permettent la reprise des activités. Et donc, il y a plusieurs conditions. Il faut que cet établissement soit réhabilité. Il faut que… parce que dans le saccage de l'administration, il y a eu quand même la destruction d'un certain nombre de documents qui ne favorisent pas aussi la reprise. Si toutes ces conditions sont réunies, on devrait pouvoir reprendre les activités. Maintenant, dans quel délai ? Je ne sais pas.

 

 

DW : Faut-il craindre une année blanche ou une année invalidée pour les élèves du lycée Philipe Zinda Kaboré ?

 

Stanislas Ouaro : Vous savez que nous sommes en train de réfléchir, nous avons délocalisé le jury d'examen des épreuves sportives de ces deux établissements, dont le lycée Philipe Zinda Kaboré dans d’autres établissements et nous réfléchissons à la délocalisation des épreuves théoriques, écrites et orales aussi. Pour les élèves des classes d'examen, les dossiers avaient déjà été déposés. Donc, je pense que pour ces élèves-là, ils pourront prendre part aux examens sans difficulté. La seule difficulté, c'est que, pour ceux n'ayant pas achevé les programmes, ils iront aux examens, pas sur le même pied d'égalité que les autres ; ce qui est assez difficile. Donc, on réfléchit pour voir ce qui peut être fait dans ce sens. Pour les classes intermédiaires, on va aviser.

 

DW : Pour terminer cet entretien que vous nous accordez, est-ce que c'est avéré que le ministre n'est pas ouvert à une rencontre éventuelle avec les élèves ?

 

Stanislas Ouaro : Non, effectivement, ce sont des débats et des rumeurs. Moi, aucun élève n'a demandé à me rencontrer. Aucune association d'élèves à la date d'aujourd'hui n'a souhaité me rencontrer pour échanger sur les réformes des examens. Donc, s'il y a une association qui souhaite me rencontrer, je serai prêt à les rencontrer pour échanger avec eux. Mais une des conditions, c'est que cette association soit légalement constituée.

 

DW : Merci beaucoup, monsieur le ministre, de nous avoir accordé cet entretien.

 

Stanislas Ouaro : Merci beaucoup. Et à très bientôt.