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Le calvaire des commerçants sur la route Abuja-Kaduna

Ishiaka Adegboye
13 février 2020

Les villes nigérianes d'Abuja et de Kaduna sont distantes de seulement 200 km. L'insécurité sur le tronçon a conduit les autorités à installer une ligne aérienne. Or cette solution n'aide pas pour autant des commerçants.

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Abuja la capitale du Nigeria enregistre des problèmes récurrents d'insécurité
Abuja la capitale du Nigeria enregistre des problèmes récurrents d'insécuritéImage : DW/K.Gänsler

"J’ai été attaqué plusieurs fois"- (un commerçant)

Les nombreux enlèvements enregistrés sur la route entre les villes d'Abuja et de Kaduna ont poussé les autorités à mettre en place une ligne aérienne qui relie désormais les deux villes distantes d'environ 200 kilomètres. Mais face au coût du voyage par avion, les commerçants préfèrent emprunter la voie ferrée qui s'est aussi révélée dangereuse depuis l'attaque récente d'un train et le rapt de plusieurs passagers.

 

Les embouteillages sont le lot quotidien des travailleurs qui doivent quitter Abuja pour rejoindre d'autres villes du Nigeria
Les embouteillages sont le lot quotidien des travailleurs qui doivent quitter Abuja pour rejoindre d'autres villes du NigeriaImage : DW/A. Kriesch

Route stratégique

Pourtant, cet axe routier est stratégique pour les opérateurs économiques qui y transportent des produits textiles, de la volaille et des légumes.

"On ne peut plus voyager sur cette route. Avant-hier,  j'ai pris le train. J'ai échappé de peu à une attaque. Juste pour vous dire qu'ils attaquent aussi les trains. Les choses vont mal pour nous les commerçants, les affaires sont au point mort. Car nous avons peur d'être victimes d'enlèvements sur la route", explique Yakub Bello, un vendeur de tomates.

Malgré les risques liés au transport par voie ferrée, Audu Sanny préfère continuer d'emprunter ce canal pour livrer ses volailles à Kaduna. "Pour la sécurité, il faut dépenser plus de nairas. Même si cela coute 3.000 à 5.000 nairas entre Abuja et Kaduna, c'est toujours mieux que de prendre la route. Car si vous êtes enlevé, ce sont des centaines de mille ou de millions de nairas que vous allez verser comme rançon", explique-t-il.

Joseph Uba, un entrepreneur d'Abuja dont la famille réside à Kaduna raconte aussi avoir été "attaqué plusieurs fois par des bandits sur l'axe Abuja-Kaduna". A l'époque où l'aéroport d'Abuja avait été délocalisé à Kaduna, ajoute-t-il, "on avait une présence policière tous les cinquante mètres. Mais depuis que l'aéroport a été réinstallé à Abuja, on ne les voit plus".

 

Le président nigérian Muhammadu Buhari lors d'une session de l'Assemblée générale de l'ONU (24.09.2019)
Le président nigérian Muhammadu Buhari lors d'une session de l'Assemblée générale de l'ONU (24.09.2019)Image : Reuters/C. Allegri

Le gouvernement interpellé

Philippe Osodu, un transporteur dont un collègue a été victime récemment d'un enlèvement se plaint lui aussi de nombreux problèmes sur la route entre Kaduna et Abuja. "Les kidnappeurs sont présents, un de nos chauffeurs a été enlevé. On a franchement besoin de l'attention du gouvernement sur cette route".

L'inspecteur général de la police nigériane, Mohammed Abubakar Adamu, conteste pourtant ces critiques et affirme que "la route est désormais sûre. Nous avons arrêté beaucoup de kidnappeurs et nos patrouilles sont présentes 24 heures sur 24", insiste-t-il.

Pour l'heure, la ligne aérienne reste peu utilisée et en dépit des risques, la voie ferrée reste la solution préférée par les Nigérians pour se rendre à Kaduna.