1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

L'ancien chef rebelle Baba Laddé jugé au Tchad

Blaise Dariustone
20 septembre 2018

Arrêté en 2014 en République centrafricaine, on lui reproche des faits extrêmements graves. Retour sur le parcours d'un homme qui a combattu sur le terrain mais aussi travaillé dans un ministère avant l'exil.

https://p.dw.com/p/35Cnw
Deutschland Justitia auf dem Gerechtigkeitsbrunnen in Frankfurt
Image : picture-alliance/dpa/A. Dedert

C'est ce jeudi 20 septembre que l'ancien chef rebelle tchadien Abdel Kader Baba Laddé, arrêté en Centrafrique en décembre 2014, sera entendu. Extradé de la République centrafricaine au Tchad en 2014 sur la base d'un accord de coopération judiciaire entre les deux pays, Abdel Kader Baba Laddé a passé près de quatre ans à la prison de Koro Toro. Il est poursuivi pour "détention illégale d'armes, association des malfaiteurs, rébellion, incendie volontaire de villages, viols, mise en danger de la vie de ses compatriotes". 

Du Darfour à la Centrafrique

Abdelkader Baba Laddé est un ex officier de la gendarmerie nationale tchadienne entré en rébellion au Darfour en 1998, puis arrivé en Centrafrique en 2008. Revenu au Tchad en 2013 à la suite d'un accord de paix, il a été nommé conseiller du premier ministre, un poste qu'il a occupé peu de temps avant de s'exiler à nouveau en Centrafrique. Il reviendra pour la deuxième fois en 2014 au Tchad et sera nommé préfet du département de la Grande Sido, au sud du pays. Démis de ses fonctions, il décide de s'enfuir.

C'est après cette fuite qu'il est arrêté, en décembre 2014, par les Casques bleus en Centrafrique. Il sera plus tard extradé vers le Tchad. "Baba Laddé n'est plus un chef rebelle, il était rentré dans la légalité suite à un accord signé avec le gouvernement de la république du Tchad", insiste désormais son avocat Maître Alain Kagombé.

"Ses déboires ont commencé lorsqu'il était préfet à Sido. Il y avait une mission qui était partie pour l'arrêter, il a réussi à déjouer leur vigilance et il s'est retrouvé sur le territoire centrafricain", raconte-t-il "Il est parti se présenter aux forces onusiennes et c'est eux qui l'ont remis à la disposition au gouvernement centrafricain. Donc c'est la Centrafrique qui a décidé de l'auditionner sur un procès verbal, il a été remis à la disposition de la justice tchadienne."

Un prévenu malade

Malade depuis 2017, Baba Laddé a été transféré il y deux semaine seulement à N'Djamena pour être soigné et jugé. Ce que dénonce Sosthene Mbernodji, coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés (MCPL). "La constitution tchadienne dit clairement que tout détenu est innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie et ce, au cours d'un procès équitable où toutes les garanties lui sont données", martèle-t-il. "Baba Laddé, nous avons évoqué son cas dans notre rapport de 2017. Il est malade mais il continu à être maintenu en détention. Il va falloir l'évacuer pour être soigné normalement. S'il meurt ce sera triste." 

Dans une lettre au Garde des sceaux, le représentant de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) auprès de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac), Dobian Assingar, s'est également interrogé sur les raisons de son maintien en détention alors qu'une ordonnance du chef de l'Etat a amnistié tous les rebelles, à l'occasion de la proclamation de la IVe République au mois de mai 2018.

Mais selon des sources judiciaires, Baba Laddé ne peut bénéficier de l'amnistie du chef de l'Etat car certains chefs d'accusation pour lesquels il est poursuivi ne figurent pas dans l'ordonnance d'amnistie.