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L'Allemagne tergiverse sur son engagement en RCA

Anne-Claude Martin et Mathilde Benignus.27 janvier 2014

L’Allemagne doit-elle s’engager davantage en Centrafrique ? La ministre de la Défense y est favorable, son homologue des Affaires étrangères moins. Le débat a des racines historiques et sera tranché avec l'UE.

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Les soldats de l'opération Sangaris et de la Misca ne suffisent pas
Les soldats de l'opération Sangaris et de la Misca ne suffisent pasImage : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

La ministre allemande de la défense, Ursula von der Leyen, s'est dite favorable à un plus grand engagement allemand en Centrafrique, dans plusieurs interviews publiées ce week-end. Une déclaration qui a fait réagir son homologue des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui prend ses distances avec les dires de sa collègue. Analyse de la position allemande et des futurs promesses d’engagements en Centrafrique.

L'appel de Catherine Samba-Panza

Dans une interview accordée à notre rédaction, la nouvelle présidente de la transition en Centrafrique, Catherine Samba-Panza , détaille ses attentes envers l’engagement de l’Allemagne :

Les forces de sécurité centralafricaines ont besoin de soutien
Les forces de l'ordre centralafricaines ont besoin de soutien pour éviter les violencesImage : Reuters

"Je l’ai toujours dit, les troupes actuellement en présence ne sont pas suffisantes, pour mettre de l’ordre, à Bangui et à l’intérieur du pays. Il nous faut d’avantage de troupes. Je souhaite de tout cœur que tout cela se concrétise. Et surtout, j’attends de l’Allemagne, qui est quand même un pays fort au sein de l’Union Européenne, d’avoir un appui conséquent, en termes humanitaires, en termes sécuritaires, et puis même en termes d’appui budgétaire, pourquoi pas".

Deux visions du rôle de l'Allemagne

Cet appel rejoint la position de la ministre de la défense allemande, qui souhaite développer l’engagement militaire de l’Allemagne dans les zones de conflit en Afrique. Ursula von der Leyen a déclaré : „On ne peut pas détourner le regard - ne serait-ce que pour des raisons humanitaires - quand les meurtres et les viols sont monnaie courante“.

Alors que le gouvernement allemand annonçait d’une même voix ce vendredi ne pas vouloir intervenir à titre individuel en Centrafrique, la ministre se détache clairement. Elle estime que l’Allemagne doit assumer plus de responsabilités dans le cadre de ses alliances internationales et européennes.

Ces propos ont fait réagir le ministre des affaires étrangères. Frank-Walter Steinmeier juge au contraire qu'il faut attendre de voir ce que les autres états européens décident avant de s’engager plus loin, que ce soit en termes de moyens militaires ou logistiques.

Andreas Mehler, directeur de l’Institut d’études africaines Giga à Hambourg, analyse ces divergences d'opinion comme le reflet d'un sujet sensible, qui divise la société allemande :

"Frank-Walter Steinmeier a certes raison quand il se met dans la continuité avec tous ses prédécesseurs, qui chantent la mélodie de la diplomatie préventive et de la prévention civile.C’est la tradition allemande, qui veut qu’on ne militarise pas les relations internationales. Mais von der Leyen a aussi raison quand elle dit qu’il y a une vraie demande, pratiquement sans contre-avis - pas seulement à New York mais bien à Bamako et à Bangui - pour un engagement militaire, aussi, de la part de l’Allemagne".

Discussion avec les partenaires

La décision finale, sur le volume et la forme de l'engagement allemand en Afrique, est désormais suspendue aux discussions avec les partenaires européens. Pendant ce temps, sur le terrain, les violences continuent. La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, appelle "de toute urgence la communauté internationale à renforcer ses efforts" pour le maintien de la paix, en Centrafrique, où les groupes armés sont toujours en train de proliférer.

La situation humanitaire se dégrade de jour en jour
La situation humanitaire se dégrade de jour en jourImage : Reuters

Dernière minute de lundi soir (27/1) :

La radio nationale centrafricaine vient d'annoncer la composition du nouveau gouvernement de transition en RCA. Le Premier ministre centrafricain André Nzapayeke s'est entouré d'une équipe de 20 ministres, dont sept femmes. Certains faisaient partie du gouvernement précédent. Au moins un représentant des milices chrétiennes "anti-balaka" figure au sein du nouveau cabinet.
Parmi les premiers noms célèbres cités : Herbert Gontran Djono Ahaba aux Travaux publics, ou Marie Noël Koyara au Développement rural, tous deux proches de l'ancien président Michel Djotodia.
(ajout avec AFP)