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L'accord UE-Libye sur la migration viole les droits humains

Rémy Mallet
27 novembre 2018

La coopération entre l’Union européenne et la Libye sur la migration semble livrer des résultats. Mais cette politique se fait au prix d’une violation des droits humains dans les camps de détention de migrants en Libye.

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Libya Migrant Blockade
Image : picture-alliance/AP Photo

Depuis le début de l’année, les garde-côtes libyens ont intercepté environ 13.000 migrants qui tentaient de rejoindre l’Europe via la Méditerranée. 

Cette année, l'Italie a enregistré 22.500 arrivées sur ses côtes, soit une baisse de plus de 80% par rapport aux années précédentes, selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ce résultat a été rendu possible en grande partie grâce au soutien des Européens, notamment de l’Italie. En plus de fournir des navires de surveillance, Rome assure aussi la formation des garde-côtes libyens, l'opération étant financée sur des budgets européens.

Mais lorsqu’ils sont interceptés en mer, ces migrants sont reconduits dans des camps de détention qui échappent à tous contrôles.
Selon Amnesty International, ces derniers sont victimes "d’actes de torture, d'extorsion et de viol". Mal nourris dans ces camps et affaiblis, ils tentent de se faire soigner dans des centres de santé, gérés par des humanitaires. 

Mais leur nombre pose de nombreux problèmes en termes d’accueil, comme l’explique le docteur Akram Al Thinni de l’ONG International Medical Corps. Jusqu’à 300 migrants sont traités quotidiennement dans son centre. "Parfois, il m'arrive d'avoir honte parce que je ne peux pas aider certains patients. Ils sont nombreux et ont vraiment besoin d’aide mais je ne peux rien faire. C’est comme si j’avais les mains liées", raconte-t-il. 

Mais pour les garde-côtes qui les rapatrient vers la Libye, il ne s’agit que de les dissuader. "Nous leur envoyons un message qui est le suivant : ne partez pas sinon vous allez perdre votre argent et votre temps", lance le capitaine Abuagila Abdelbari. 

Il y a une semaine, au moins 79 réfugiés et migrants avaient refusé de débarquer dans le port de Misratah en Libye, après leur interception par les autorités maritimes italiennes et maltaises.

Une violation du "droit international", avait dénoncé Amnesty. Les violations des droits de l’Homme dans les camps de détention en Libye poussent plusieurs ONG humanitaires à mener des missions de sauvetage communes au large des côtes libyennes. Malgré les critiques vis-à-vis des accords entre l'Union européenne et la Libye, aucune autre option ne semble être envisagée pour l'instant.